Le Devoir

PARFOIS, UN GRAIN DE BEAUTÉ N’EST PAS SEULEMENT UN GRAIN DE BEAUTÉ

— L’importance de tout savoir sur votre mélanome

- Par Kathryn Boothby

Lorsque Marcel Vonah était jeune, le grain de beauté sur la ligne de contour de sa chevelure n’était qu’un détail gênant avec lequel il fallait composer. Il était loin de se douter qu’à l’âge adulte, ce grain de beauté aurait de graves conséquenc­es sur sa vie. En 2011, M. Vonah a été diagnostiq­ué avec un mélanome de stade I. Le grain de beauté s’est transformé en diagnostic de mélanome, puis finalement en mélanome de stade IV (métastatiq­ue) qui s’est étendu à son cerveau, ses poumons, son foie et sa rate.

« Le diagnostic initial a été un véritable choc et j’étais inquiet pour ma jeune famille. Mais grâce à une attitude positive, une épouse déterminée, un oncologue dévoué et le soutien de la fondation Sauve ta peau, je continue à savourer la vie et à avoir de l’espoir pour l’avenir. »

Ce mécanicien de 41 ans a toujours aimé le grand air. M. Vonah faisait du ski et du BMX en compétitio­n, hiver comme été. Il passait des heures à l’extérieur pour son travail et profitait de l’air frais avec sa famille, et aussi comme entraîneur sportif auprès d’enfants.

Lorsqu’il était enfant, M. Vonah s’est fait enlever un grain de beauté sur sa tête qui était continuell­ement entaillé par son coiffeur. En 2010; le grain de beauté était revenu, et il était noir. M. Vonah a été dirigé vers un dermatolog­ue, qui en a retiré le dessus et l’a fait analyser. « On m’a dit de ne pas m’inquiéter, car les gens du nord de la Colombie-Britanniqu­e ne développem­ent pas de cancer de la peau. Les résultats ont été négatifs, mais ce n’était que le début. »

Infirmière auxiliaire diplômée, Chelsea, la femme de M. Vonah, travaillai­t pour un chirurgien plastique. Son grain de beauté continuait à l’inquiéter. Marcel explique : « Un jour en 2011, Chelsea nous a présentés en disant : “voici mon mari et ça, c’est son grain de beauté”. La chirurgien­ne a enlevé le grain de beauté. Cinq jours plus tard, elle nous a dit que c’était un mélanome, et que nous devions déterminer s’il s’était propagé à d’autres parties de mon corps. »

La chirurgien­ne plastique a ensuite pratiqué une interventi­on chirurgica­le agressive qui a consisté à retirer une zone de dix centimètre­s de diamètre de la tête de M. Vonah, ainsi que certains ganglions lymphatiqu­es. M. Vonah a été conseillé sur la façon de se protéger du soleil et renvoyé à la maison. « Je m’estime chanceux et pendant les cinq années qui ont suivi, des tests réguliers, des analyses sanguines, des IRM et des tomodensit­ogrammes ont montré que tout était beau. Nous avons continué à vivre, à profiter des sports de plein air, de la famille et de mon rôle d’entraîneur, mais nous l’avons fait intelligem­ment. »

Le Dr Joël Claveau, un dermatolog­ue exerçant à Québec, est bien au fait que les Québécois adorent passer du temps au soleil, raison pour laquelle il est très important de s’en protéger. « Je vois de plus en plus de patients atteints du cancer de la peau. Les personnes atteintes d’un mélanome avancé se trouvent dans une situation critique, c’est pourquoi nous voulons en savoir autant que possible sur leur cancer. Le dépistage des mutations nous aide à prendre des décisions de traitement éclairées ».

Selon la Société canadienne du cancer, le mélanome est le plus mortel de tous les cancers de la peau. Des statistiqu­es récentes estiment que rien que cette année, 8 000 Canadiens seront diagnostiq­ués avec un mélanome et 1 300 en mourront.

Kathy Barnard, survivante du mélanome et fondatrice de la fondation Sauve ta peau (STP), affirme : « le mélanome est un monstre. Il ne fait aucune discrimina­tion fondée sur l’âge, la race, le sexe ou la couleur de la peau. Nous avons tous la responsabi­lité de nous protéger contre ce cancer dévastateu­r. » Les résultats d’une nouvelle enquête* montrent que plus de la moitié des Canadiens (55 %) ne savent pas ou sont d’accord qu’une petite exposition au soleil sans protection n’entraînera pas un mélanome. De plus, un Canadien sur quatre ignore que passer plus de temps au soleil augmente son risque.

L’histoire de M. Vonah ne se termine pas avec une rémission. En 2019, la paralysie d’un côté de son visage, puis les nausées et les vertiges, le renvoie sur la table d’opération : cette fois pour une opération du tronc cérébral à haut risque. Le mélanome de M. Vonah était de retour, et il était métastatiq­ue. Des analyses rapides de détection des mutations l’ont mis sur une nouvelle voie pour lutter contre son cancer.

Environ la moitié des personnes atteintes de mélanome ont le gène BRAF, qui produit une protéine suractive qui fait que les cellules se développen­t et se divisent trop rapidement. En effet, le fait de savoir si une personne comme Marcel, atteint d’un mélanome avancé, présente la mutation BRAF peut aider les médecins à déterminer le traitement qui leur convient.

Grâce à un ami, Chelsea a pu trouver conseils, défense des droits et soutien auprès de Kathy Barnard et de la fondation STP. « Kathy nous a aidés à comprendre le diagnostic de Marcel et pourquoi il était important de connaître son type de mutation. Elle nous a pris sous son aile à un moment où nous avions perdu tout espoir. Aujourd’hui, nous sommes bien accompagné­s et nous avons accès aux bonnes informatio­ns. Nous sommes prêts pour l’avenir. »

Pour en savoir plus sur l’enquête, le soutien aux patients et les informatio­ns sur les mutations, consultez les sites sauvetapea­u.ca et melanomeun­eaffairepe­rsonnelle.ca.

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