Le Devoir

Legault crée un groupe d’action contre le racisme

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Il n’y a pas de racisme systémique au Québec, a réaffirmé lundi François Legault. Mais il y a tout de même assez de manifestat­ions de racisme pour que le premier ministre annonce la mise sur pied d’un « groupe d’action contre le racisme », qui devra livrer une série de recommanda­tions à l’automne.

« Je veux qu’on travaille ensemble autour de deux consensus, a soutenu M. Legault lundi en point de presse à Montréal. Un, la majorité des Québécois ne sont pas racistes — donc on ne fera pas le procès des Québécois. Deux, il y a du racisme au Québec, et on ne doit plus le tolérer. »

Les ministres Nadine Girault (Relations internatio­nales) et Lionel Carmant (délégué à la Santé et aux Services sociaux) présideron­t ce groupe de travail. Les deux ont des racines haïtiennes.

Sylvie D’Amours, responsabl­e des Affaires autochtone­s, sera aussi de ce comité, de même que quatre députés caquistes — dont les anciens policiers Ian Lafrenière et Denis Lamothe. M. Legault a fait valoir que l’expérience de ce dernier comme policier en milieu autochtone sera précieuse.

Interrogé sur l’absence de membres des partis d’opposition, alors qu’il affirme qu’« on doit travailler ensemble » pour cet enjeu, le premier ministre a indiqué qu’ils « vont être appelés à faire des propositio­ns ». Mais il voulait une structure souple permettant « d’arriver avec des recommanda­tions avant l’automne ».

« On veut un groupe d’action qui agisse rapidement, a-t-il dit. […] Un moment donné, on doit agir. Si on avait parlé d’une commission transparti­sane, on en aurait eu pour six mois à un an avant de passer à l’action. »

Le groupe devra « élaborer une série d’actions efficaces pour lutter contre le racisme », et recenser les secteurs « nécessitan­t prioritair­ement des mesures en ce sens ». François Legault a évoqué la sécurité publique, mais a ajouté que « le problème est beaucoup plus large que ça : la justice, le milieu scolaire, le logement, l’emploi… ».

L’addition de tout cela ne révèle-telle pas un problème systémique, comme le reconnaiss­ent le premier ministre Trudeau et la mairesse Plante ? Non, maintient M. Legault. Il estime qu’il y a « plusieurs définition­s du mot systémique » et qu’il ne faut pas se « diviser autour d’un mot ».

Quoi qu’il en soit, Lionel Carmant a dit souhaiter travailler sur la problémati­que du profilage racial, alors que M. Legault a mis l’accent sur le besoin de trouver des solutions pour combattre des « taux de chômage qui n’ont pas de bon sens chez les minorités visibles, dans le privé ou le public ».

Le Parti libéral du Québec, dont la cheffe Dominique Anglade juge qu’il y a du racisme systémique au Québec, a bien accueilli la création du groupe d’action. « Nous espérons qu’à la lumière du travail qui sera effectué dans les prochaines semaines, de réelles solutions seront trouvées et qu’on pourra démontrer une réelle volonté de changer les choses. »

Le Parti québécois a souligné « que le Québec se met en marche dans la bonne direction » et a rappelé que « l’enjeu de ce comité dépasse largement les joutes partisanes ».

Mais si Québec solidaire estime qu’il s’agit d’un « premier pas », la formation « déplore l’absence de consultati­ons publiques, la mise à l’écart des opposition­s et le refus de reconnaîtr­e le racisme systémique, trois obstacles qui vont freiner les résultats souhaités par le premier ministre », a fait valoir la cheffe parlementa­ire, Manon Massé.

Je veux qu’on travaille autour de deux consensus. Un, la majorité des Québécois ne sont pas racistes — donc on ne fera pas le procès des Québécois. Deux, il y a du racisme au Québec, et on ne doit plus le tolérer. » FRANÇOIS LEGAULT

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PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE

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