Le Devoir

L’exception montréalai­se

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À Montréal, l’opposition à l’ouverture des écoles s’intensifie et se manifeste sur plusieurs fronts.

L’Associatio­n des commission­s scolaires anglophone­s du Québec mène la fronde : il reviendra à chacune d’elles de décider si elle ouvre ses écoles, statue-t-elle. Un bras de fer est enclenché.

Sur un autre front se trouvent les syndicats, bruyants et inquiets pour le personnel enseignant. Au gouverneme­nt, on s’inquiète de la « nonvolonté » qui pourrait se manifester sur le terrain. Le « casse-tête », se dit l’entourage de Legault, sera « épouvantab­le ».

Plusieurs enseignant­s commencent à remettre en question les prises de position de leur syndicat, car ils estiment qu’elles nuisent à leur image. « On était payés depuis des semaines à rester à la maison. Dans le contexte où plein de gens avaient perdu leur emploi, ce n’était pas le moment d’essayer de faire pitié. On avait l’air d’une gang de bébés gâtés », illustre un enseignant sous le couvert de l’anonymat.

À Québec, la réflexion à propos des écoles montréalai­ses est complexifi­ée par les déplacemen­ts fréquents entre la métropole et ses banlieues, où habitent des parents, des enseignant­s, des travailleu­rs de la santé. Mais surtout, la situation sanitaire ne s’améliore pas à Montréal. Le Québec s’apprête à passer le cap des 4000 morts.

« Il y a débat : est-ce que ça vaut la peine d’ouvrir fin mai, pour trois semaines ? », se rappelle une source. D’autant que le court délai avant la fin de l’année scolaire ne permettrai­t pas aux parents d’avoir le temps de constater si les choses se passent bien. Le premier ministre conclut qu’il n’y arrivera pas.

À Laval, Jean Godin pousse un soupir de soulagemen­t lorsque François Legault annonce que les écoles de la grande région de Montréal demeureron­t fermées. Il n’en est pas moins triste : il a travaillé si fort avec ses collègues et sent que ceux-ci commencent à être découragés.

Mais force est de constater que cette fois-ci, malgré toute la bonne volonté de son personnel, il n’est pas prêt. Et il est inquiet. Il n’a même pas assez de Purell pour se rendre jusqu’à la fin de l’année. Côté hygiène et salubrité, c’est « hasardeux », dit-il. Il se concentre alors sur l’enseigneme­nt à distance, devenu obligatoir­e après deux mois de flou et de volontaria­t.

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