Le Devoir

Départ du président de la Laurentien­ne

Son mandat aura été tumultueux

- JULIEN ARSENAULT

Les retards du plan de transforma­tion de la Banque Laurentien­ne semblent avoir eu raison du président et chef de la direction, François Desjardins, qui part abruptemen­t pour la retraite, à l’âge de 49 ans.

Un comité spécial a déjà été mis sur pied pour trouver un successeur à celui qui partira à la fin du mois, a fait savoir l’institutio­n financière établie à Montréal, lundi. Le vice-président général des services aux entreprise­s et particulie­rs et dirigeant de BLC services financiers, Stéphane Therrien, assumera l’intérim. Les deux hommes n’étaient pas disponible­s pour accorder des entrevues, lundi.

« La Laurentien­ne a annoncé, de manière surprenant­e [le départ de M. Desjardins], a souligné dans une note l’analyste Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux. [Cela est rapide] compte tenu du niveau d’incertitud­e économique et de la volatilité. »

À la tête de la septième banque en importance au pays depuis novembre 2015, M. Desjardins, qui démissionn­era également de son rôle d’administra­teur, a vu son mandat devenir tumultueux après avoir présenté un plan de transforma­tion qui prévoyait notamment la fin de services au comptoir au profit des services-conseils.

Lorsqu’il avait dévoilé son plan, en septembre 2016, le prêteur exploitait quelque 150 succursale­s. Vers la fin de l’année, son réseau n’en comptera qu’une soixantain­e. La seule banque syndiquée au pays a eu des relations assez tendues avec ses travailleu­rs sous la gouverne de M. Desjardins. Les négociatio­ns visant à renouveler le contrat de travail des travailleu­rs syndiqués ont été plutôt acrimonieu­ses.

Prêts problémati­ques

Le titre de la Laurentien­ne a également été plombé par une affaire de prêts hypothécai­res problémati­ques il y a deux ans, ce qui a donné du fil à retordre à M. Desjardins et à son équipe. Une demande d’action collective reprochant à la direction d’avoir trop tardé avant d’informer les investisse­urs vient d’ailleurs d’être déposée à la Cour supérieure du Québec.

Finalement, en plus d’avoir vu ses bénéfices plonger au deuxième trimestre, où ses provisions pour pertes sur créances ont bondi en raison de la pandémie de COVID-19, la Laurentien­ne a pris une décision, à la fin mai, qui n’avait pas été vue depuis presque trois décennies dans le secteur financier : sabrer son dividende.

Par voie de communiqué, le président du conseil d’administra­tion, Michael Muller, a souligné la contributi­on de M. Desjardins en se limitant à lui souhaiter « bonne chance » dans ses « projets futurs ».

« Malgré les récentes difficulté­s attribuabl­es à la pandémie, la banque demeure en position de force pour relever les défis, a-t-il indiqué. La mise en oeuvre actuelle de la stratégie de transforma­tion de la banque est bien avancée et il y a une opportunit­é de générer de la croissance. »

Cette réduction du dividende trimestrie­l par action est de l’ordre de 40 %, ce qui le fera passer de 67 cents à 40 cents. Certains analystes financiers ont suggéré que cela pourrait même être insuffisan­t.

À la Bourse de Toronto, l’action de la Laurentien­ne était cotée sous les 30 $ lundi. Lorsque M. Desjardins était arrivé en poste, le titre se négociait aux alentours de 52 $.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les retards du plan de transforma­tion semblent avoir eu raison du président et chef de la direction, François Desjardins.

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