Le Devoir

La Suède au ban de l’Europe

Au moins sept pays européens ont interdit l’entrée aux Suédois

- AGENCE FRANCE-PRESSE À STOCKHOLM ET À MALMÖ

Une image qui en prend un coup. Souvent dépeinte comme un modèle d’égalité et de respect des droits, la Suède, qui se distingue par son approche souple face au COVID-19, a contraint de nombreux pays à restreindr­e l’arrivée des Suédois, devenus indésirabl­es dans une partie de l’Europe.

Alors que de nombreux pays européens rouvraient lundi leurs frontières, au moins sept d’entre eux ont interdit l’entrée aux Suédois — dont leurs propres voisins danois, norvégiens et finlandais, ou encore des destinatio­ns ensoleillé­es, comme Chypre et Malte. Cinq autres (Grèce, Pays-Bas, Autriche, Estonie et Lettonie) leur imposent une mise en quarantain­e à l’arrivée sur leur territoire.

La Suisse a annoncé lundi qu’elle prévoyait de prendre la températur­e des voyageurs en provenance de Suède et de leur faire passer un test si elle était trop élevée.

Jusqu’à présent, le royaume scandinave a enregistré plus de 52 000 cas de maladie COVID-19 et 4891 décès. Le taux de mortalité compte parmi les plus élevés d’Europe, avec 484,3 morts par million d’habitants, près de cinq fois plus que chez son voisin danois et jusqu’à dix fois plus qu’en Norvège.

Se retrouver exclue d’une Europe qui rétablit la libre circulatio­n entre les pays est pour la Suède un saut dans l’inconnu.

Salué pour sa transparen­ce, sa sécurité comme pour ses valeurs progressis­tes, par trois fois (2016, 2018, 2019), le royaume s’était hissé au premier rang des pays les plus réputés au monde, un classement établi par le Reputation Institute basé à Boston.

Aujourd’hui, la stratégie du pays face au nouveau coronaviru­s laisse les Suédois au ban d’une Europe en sortie de crise.

Pas pris au sérieux

Si certains Suédois ne décolèrent pas, d’autres prennent la nouvelle avec du recul. « Je parle avec des gens à travers le monde, tout le temps, ils ne partagent vraiment pas le même avis hostile [à l’égard des Suédois] que celui communiqué par les médias et les politiques », assure Sven Hultin, qui a dû annuler des vacances en Europe cet été.

Si, pour ce cadre dans les ressources humaines, les gens « ont peur de nous pour une quelconque raison, c’est leur stratégie de survie et je la respecte ».

« Le virus ne reconnaît pas les frontières ! », tempête de son côté Anna Holmryd, employée de la fonction publique de la capitale.

La Suède, dont la population n’a jamais été confinée, a maintenu ouverts écoles, cafés, bars, restaurant­s et entreprise­s.

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