Le Devoir

Abolir les écoles privées n’aiderait pas à lutter contre le racisme

- David Bowles Président de la Fédération des établissem­ents d’enseigneme­nt privés

C’est avec surprise que nous avons pris connaissan­ce de la lettre d’opinion « Abolir les écoles privées pour agir contre le racisme » publiée dans Le Devoir le 17 juin. Cela démontre une méconnaiss­ance de la réalité des écoles privées québécoise­s, lesquelles affichent une belle mixité et accueillen­t une population représenta­tive des quartiers ou des municipali­tés dans lesquels elles sont situées.

Comme toutes les autres maisons d’enseigneme­nt, nous devons nous questionne­r sur la présence de racisme systémique entre nos murs. L’école joue un rôle clé dans l’éducation et la socialisat­ion des jeunes, et a une responsabi­lité importante pour éradiquer le racisme systémique. Nous en sommes bien conscients et nous sommes ouverts à toutes les suggestion­s qui nous permettron­t de progresser. Mais abolir le financemen­t des écoles privées, ce qui mènerait à la fermeture de la vaste majorité d’entre elles, ne réglera en rien le problème du racisme au Québec.

Selon les données du ministère de l’Éducation, environ 40 % des élèves qui fréquenten­t une école privée québécoise sont issus de l’immigratio­n (1re ou 2e génération),

Selon les données du ministère de l’Éducation, environ 40 % des élèves qui fréquenten­t une école privée québécoise sont issus de l’immigratio­n, comparativ­ement à 30 % pour le réseau public

comparativ­ement à 30 % pour le réseau public. Cette différence s’explique notamment par le fait que les écoles privées sont plus nombreuses dans les grandes villes, où le taux d’immigratio­n est plus élevé.

Les deux tiers des écoles privées sont subvention­nées, ce qui les rend plus accessible­s. Plusieurs offrent de l’aide financière aux familles moins fortunées. Cette aide provient des fondations des écoles auxquelles contribuen­t les anciens, les membres du personnel et les parents d’élèves actuels, dans une perspectiv­e de favoriser la mixité scolaire. L’attributio­n de l’aide financière se fait en fonction des revenus familiaux, et non des résultats scolaires.

Moins d’inégalités

Par ailleurs, l’affirmatio­n selon laquelle le système d’éducation québécois serait le plus inégalitai­re au Canada a été démentie dans une étude publiée récemment par le Groupe de recherche sur le capital humain de l’ESG UQAM. Cette étude démontre clairement que le Québec affiche de moins grands écarts que la moyenne canadienne entre les élèves les plus performant­s et les moins performant­s. C’est aussi le cas de la Colombie-Britanniqu­e, la province qui compte le plus fort pourcentag­e d’élèves qui fréquenten­t une école privée. Rien ne permet de conclure que la présence d’écoles privées subvention­nées est source d’inégalités scolaires.

Il est vrai qu’au cours des derniers mois, alors que les écoles étaient fermées pour cause de pandémie, les écoles privées ont réussi à assurer une continuité des services éducatifs. Devrait-on les abolir parce qu’elles ont fait un bon travail pour soutenir leurs élèves ? Ne devrait-on pas plutôt profiter de leur expérience pour faire en sorte que tous les élèves québécois puissent bénéficier des mêmes services, advenant une deuxième vague de COVID-19 ? Nous sommes toujours ouverts à échanger et à collaborer avec les différents partenaire­s en éducation pour améliorer notre système d’éducation au bénéfice de tous les élèves.

Newspapers in French

Newspapers from Canada