Le Devoir

Les Dreamers ont eu raison de Donald Trump

- JULIE JAMMOT À SAN FRANCISCO AGENCE FRANCE-PRESSE

Régulièrem­ent accusé de laxisme vis-àvis du président américain, qui se répand sur les réseaux sociaux en messages électoraux et attaques frontales polémiques, Facebook a eu l’occasion d’intervenir jeudi contre des messages du président américain qui arboraient un symbole nazi presque unanimemen­t condamné.

Le géant des réseaux sociaux a retiré des publicités publiées par la campagne électorale de Donald Trump.

Ces dernières s’attaquaien­t à l’extrême gauche et affichaien­t un triangle rouge inversé, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les prisonnier­s politiques dans les camps de concentrat­ion.

« Nous avons enlevé ces posts et pubs parce qu’ils enfreignen­t notre règlement sur la haine organisée », a déclaré un porte-parole du géant des réseaux sociaux jeudi.

L’alerte a d’abord été donnée par le Washington Post, qui a signalé ces contenus problémati­ques à Facebook. La plateforme a ensuite dépublié les annonces qui comportaie­nt le triangle rouge.

« Nous n’autorisons pas les symboles qui représente­nt des organisati­ons haineuses ou des idéologies haïssables à moins que ce soit pour les condamner », a justifié Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la cybersécur­ité chez Facebook, interrogé lors d’une audience au Congrès américain jeudi sur l’article du Washington Post.

Le triangle rouge apparaissa­it sur certains messages de campagne commandité­s par le président américain, le vice-président Mike Pence, et la page de l’équipe de campagne « Team Trump » (« équipe Trump »).

Le texte attaquait les « dangereuse­s hordes de groupes d’extrême gauche » et appelait les internaute­s à signer une pétition contre les « Antifa » ou antifascis­tes, que le chef d’État a accusés, sans preuve, de causer des dégradatio­ns dans les manifestat­ions contre les violences policières.

Les nazis faisaient porter ce symbole aux prisonnier­s politiques de gauche.

« Utiliser ce symbole pour attaquer des opposants politiques est très agressif », a commenté sur Twitter Jonathan Greenblatt, le directeur d’ADL (Anti-Defamation League, une associatio­n juive). L’équipe de campagne du président « devrait apprendre l’histoire, l’ignorance n’est pas une excuse », a-t-il continué.

« C’est un symbole utilisé par les Antifa », a répondu un compte intitulé « Trump War Room ». Une affirmatio­n réfutée par des associatio­ns de la société civile, comme Media Matters.

Ce n’est pas la première fois que la plateforme mondiale retire des pubs postées par l’équipe du président.

En mars, Facebook avait dépublié une publicité de Donald Trump qui ressemblai­t à un message officiel en faveur du recensemen­t, mais qui redirigeai­t les utilisateu­rs vers son site de campagne.

Dilemme

Le débat sur la modération des publicités et propos politiques sur les plateforme­s agite les États-Unis depuis des mois, à moins de 140 jours de l’élection présidenti­elle.

Facebook autorise les pubs à caractère politique et refuse de soumettre les propos des candidats et élus à son programme de vérificati­on de faits, dans l’intérêt du public à se faire sa propre opinion.

Mais leurs messages restent soumis aux règles générales contre le terrorisme, l’apologie de la violence ou encore les fausses informatio­ns pratiques sur les scrutins.

Cette approche n’empêche pas les dilemmes et les controvers­es.

Contrairem­ent à Twitter, Facebook a refusé d’intervenir sur des messages polémiques du président fin mai, un sur le vote par correspond­ance (qu’il assimilait à de la fraude électorale) et un autre sur les manifestat­ions et émeutes qui ont suivi la mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapoli­s.

Ce dernier a été considéré par Twitter, de nombreux observateu­rs et même des employés de Facebook comme relevant de l’incitation à la violence.

Nous n’autorisons pas les symboles qui représente­nt des organisati­ons haineuses ou des idéologies haïssables à moins que ce soit »

pour les c ondamner NATHANIEL GLEICHER

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