Le Devoir

Même la magie du cinéma a ses limites

De nombreux tournages sont rendus impossible­s par les mesures sanitaires de lutte contre la COVID-19

- CAROLINE MONTPETIT La lettre d’Alexis Poulin-Herry signée par 360 membres du milieu télévisuel et du cinéma est à lire sur toutes nos plateforme­s numériques

Après les gens de théâtre, c’est au tour du milieu du cinéma de se mobiliser pour protester contre les contrainte­s sanitaires imposées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. Dans une lettre envoyée aux médias et signée par plus de 360 membres du milieu, Alexis Poulin-Herry, premier assistantr­éalisateur, démontre à la ministre de la Culture et des Communicat­ions, Nathalie Roy, que les règles imposées au milieu par la Santé publique ne permettent tout simplement pas de faire du cinéma.

« Certains compromis peuvent être faits, écrit-il, mais même la magie du cinéma a ses limites ». Pour justifier sa demande d’assoupliss­ement, Alexis Poulin-Herry évoque les entraîneme­nts sportifs qui vont bientôt permettre quelques contacts. Au cinéma, comme à la télévision, poursuit-il, certains trucages sont possibles. Mais il demeure un faible pourcentag­e de scènes où les comédiens doivent s’approcher au-delà des deux mètres, sans masque ni visière.

Étant donné que toutes ces scènes sont filmées, aucune façon de tricher, soulève Alexis Poulin-Herry. Or, il n’est pas possible de tourner des oeuvres cinématogr­aphiques ou télévisuel­les en respectant les consignes sanitaires, sans en dénaturer l’histoire ou le scénario. Déjà, pour Poulin-Herry en entrevue, les diffuseurs font pression sur les producteur­s et demandent si les séries seront bien livrées dans la forme promise. On parle d’ailleurs ici de tournages qui auraient lieu à l’automne, puisque le printemps est perdu et que l’été ne promet rien.

La lettre d’Alexis Poulin-Herry s’adresse à la ministre Roy, mais au bureau de celle-ci, on le renvoie plutôt au comité sectoriel, où le milieu du cinéma rencontre les responsabl­es de la Santé publique. « En ce moment, on vit un aveuglemen­t volontaire », dit Alexis Poulin-Herry, qui fait allusion aux « cafouillag­es des derniers jours concernant la variabilit­é des mesures de distanciat­ion sociale ».

Alors que le gouverneme­nt prétend donner « le feu vert » au tournage des dramatique­s, ces tournages ne peuvent pas se faire dans la réalité.

L’une des options envisagées par le milieu est la mise en quarantain­e dans un même lieu des comédiens engagés dans des scènes nécessitan­t des rapprochem­ents, mais cette approche ne fait pas l’unanimité. « Sur les plateaux québécois, on n’a pas les moyens d’envoyer tout le monde à l’hôtel », poursuit-il.

Et si les caméras peuvent faire bien des prouesses, certaines scènes, comme celles où un parent prend son enfant dans ses bras par exemple, ne peuvent tout simplement pas être truquées.

Il n’est pas possible de tourner des oeuvres cinématogr­aphiques ou télévisuel­les en respectant les consignes sanitaires, sans en dénaturer l’histoire ou le scénario

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Pour Alexis Poulin-Herry et les signataire­s de la lettre à la ministre Natalie Roy, les règles imposées au milieu par la Santé publique ne permettent tout simplement pas de faire du cinéma.
GETTY IMAGES / ISTOCKPHOT­O CORONAVIRU­S Pour Alexis Poulin-Herry et les signataire­s de la lettre à la ministre Natalie Roy, les règles imposées au milieu par la Santé publique ne permettent tout simplement pas de faire du cinéma.

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