1,4 milliard pour relancer l’économie québécoise |
« Arrêter l’économie quasi complètement n’est pas sans créer un choc majeur »
Conséquence directe de la pandémie, c’est 1,4 milliard et non le milliard prévu que le Fonds de solidarité FTQ a injecté dans l’économie québécoise au cours de son exercice financier. Aussi, plus de 40 % de ses entreprises partenaires se sont prévalues du report de six mois des paiements sur les prêts.
Le Fonds FTQ faisait le bilan jeudi de son accompagnement des entreprises québécoises dans cette crise sanitaire. « Cela se passe relativement bien. Depuis mars, nous sommes en communication constante avec nos entreprises partenaires et avons établi un plan de match avec elles visant à déployer rapidement notre plan d’aide », résume Janie Béïque, première viceprésidente aux investissements du Fonds de solidarité.
À ces 400 millions de dollars en investissements additionnels réalisés au cours de l’exercice financier clos le 31 mai s’est ajouté un moratoire de six mois sur les paiements en capital-intérêt sur les prêts consentis. Au total, 1300 des 3100 entreprises partenaires de l’institution ont accepté l’offre de report.
Besoins variés
« Nous proposons essentiellement du capital-actions et des prêts. Dans ce dernier segment, 75 % des entreprises bénéficiant d’un prêt se sont prévalues du délai », précise Mme Béïque.
Quant aux besoins, « ils varient d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre. Cela peut aller de l’augmentation du fonds de roulement à l’injection de capitaux visant à accélérer le développement d’un produit, à accroître la recherche, à repositionner une chaîne de montage, à répondre à une surdemande ou encore à soutenir la reprise des activités », répond la première vice-présidente.
Si l’activité économique reprend avec le déconfinement, il va s’écouler un certain temps avant qu’elle ne retrouve son niveau prépandémie. « Il faut parler de plusieurs trimestres. Arrêter l’économie quasi complètement n’est pas sans créer un choc majeur », ajoute Gaétan Morin.
Le président et chef de la direction du Fonds parle d’une longue récupération, d’un retour de l’activité économique à son niveau prépandémie pas avant la fin de 2021, possiblement en 2022.
L’institution retient deux scénarios de base. Une reprise en U ou en W s’il y a une deuxième vague. « Nous avons vite oublié un scénario en V pour penser plutôt à un U, disons, plus élargi. Et nous écartons celui d’une période postpandémie
Développement d’un médicament entrant dans le traitement, découverte d’un vaccin… La clé, »
c’est la confiance. GAÉTAN MORIN
en L. » Et s’il y a deuxième vague, elle sera probablement moins grave, vu le niveau d’adaptation des entreprises, dit-il.
N’empêche, si la crise de 2008 et la Grande Récession qui a suivi ont interpellé le Fonds dans sa mission première d’investisseur patient, elles avaient pour origine un gel du secteur financier produisant une activité de financement défaillante.
« Il est question aujourd’hui d’un gel global d’une économie. C’est beaucoup plus profond. Cela nécessite du capital et de l’accompagnement pour assurer une reprise des activités, afin que les Québécois puissent reprendre le travail le plus rapidement possible. Mais cela va se régler avec le retour de la confiance. Développement d’un médicament entrant dans le traitement, découverte d’un vaccin… La clé, c’est la confiance. »
L’aéronautique, l’industrie récréotouristique, la restauration, l’industrie culturelle… Ce fut difficile pour plusieurs. Certaines entreprises vont devoir fermer leurs portes. Mais des occasions vont également émerger.
Pour les travailleurs touchés également qui, en misant sur la formation, pourront revenir sur le marché du travail dans des emplois proposant des salaires plus élevés, affirme Gaétan Morin. « Il faut transformer ces crises en opportunités. On a, au Québec, une fenêtre devant nous. »
Le Fonds de solidarité dévoilera les résultats financiers de son exercice 2019-2020 le 30 juin. Trop tôt, donc, pour parler de l’impact de la chute des cours boursiers ayant accompagné l’expansion de la pandémie.
« Notre portefeuille se compose d’une partie de grands marchés financiers et d’une composante liée à notre métier de base. Dans le premier cas, notre vision est à long terme. On ne spécule pas. Dans le second, nous sommes des investisseurs patients. N’oublions pas que le Fonds a été créé dans un contexte de crise. Nous ne les souhaitons pas, mais nous ne craignons pas les crises », rappelle Gaétan Morin.