Le Devoir

Le CA de Bombardier défend l’indemnité de l’ex-patron

La Caisse de dépôt avait jugé l’arrangemen­t « excessif »

- JULIEN ARSENAULT

Si Bombardier souhaite rétablir sa réputation qui a été minée par des retards et d’autres problèmes d’exécution sous la gouverne de son ex-patron Alain Bellemare, son conseil d’administra­tion se défend néanmoins de lui avoir octroyé une indemnité de départ trop généreuse.

À la suite d’une nouvelle fronde de grands investisse­urs institutio­nnels, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui ont décidé de s’opposer à l’approche de l’avionneur en matière de rémunérati­on, la question s’est rapidement invitée à l’assemblée annuelle de Bombardier, qui se déroulait jeudi de manière virtuelle.

« Le conseil [d’administra­tion] a respecté ses obligation­s [contractue­lles qui] ont été négociées de bonne foi et qui ne sont pas atypiques quand on prend le temps de les comparer à ce qui est observé au sein de plusieurs sociétés publiques canadienne­s et américaine­s », a répondu le président du conseil d’administra­tion, Pierre Beaudoin, à une question du Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MEDAC).

Écarté en mars dernier au profit d’Éric Martel, l’ancien président-directeur général d’Hydro-Québec, M. Bellemare pourra toucher jusqu’à 17,5 millions $CA. En plus d’une somme équivalant à deux années de salaire, il aura droit à un paiement spécial de 4,9 millions si la vente de Bombardier Transport à Alstom, annoncée en février dernier, juste avant son départ, se concrétise. Cet arrangemen­t de départ avait été particuliè­rement critiqué par la CDPQ, qui l’avait jugé « excessif ».

En dépit de la vague d’opposition, la propositio­n entourant l’approche non contraigna­nte de Bombardier en matière de rémunérati­on a tout de même été acceptée. Le résultat du vote n’a pas été dévoilé dans l’immédiat. Grâce aux actions à droits de vote multiples, la famille Beaudoin-Bombardier contrôle 50,9 % des droits de vote alors qu’elle ne détient qu’une fraction des quelque 2,4 milliards d’actions en circulatio­n.

Dans le cadre de sa première assemblée annuelle, le nouveau président et chef de la direction, qui doit piloter le recentrage vers les avions d’affaires, a dit comprendre la déception des actionnair­es à l’endroit de Bombardier, dont la performanc­e n’a pas été au rendez-vous. À la lumière des écueils rencontrés au cours des 18 derniers mois, particuliè­rement chez Bombardier Transport, où les retards coûtent cher, il fallait donner un coup de barre, a dit pour sa part M. Beaudoin.

« Les membres du conseil ont conclu à l’unanimité que le moment était approprié pour inviter un nouveau leader à prendre les rênes de la société », a dit le petit-fils de Joseph-Armand Bombardier, en qualifiant M. Martel de « bon leader au bon moment ».

Le mandat de M. Bellemare a été marqué par un douloureux plan de redresseme­nt visant à alléger la lourde dette de Bombardier, qui est supérieure à 9 milliards $US. Cela s’est traduit par la vente de plusieurs actifs, une sortie de l’aviation commercial­e et la cession de la division transport à Alstom — une transactio­n sous la loupe de la Commission européenne.

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