Le Devoir

Arruda déconfine en attendant la deuxième vague

Les bars, casinos, spas et parcs aquatiques peuvent rouvrir

- GUILLAUME LEPAGE

Le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a annoncé que presque tous les secteurs peuvent rouvrir. Il n’a pourtant pas caché son inquiétude, prévenant que le Québec sera sans doute confronté à une deuxième vague.

Convaincu de l’arrivée d’une deuxième vague et « excessivem­ent préoccupé » de voir des Québécois, sans masque, faisant fi des consignes de distanciat­ion physique en public, le Dr Horacio Arruda a tout de même annoncé jeudi le déconfinem­ent presque total du Québec, encouragé par des indicateur­s à la baisse.

« À partir d’aujourd’hui, plutôt que de dire ce qu’on déconfine, on va vous dire ce qui n’est pas déconfiné. On change d’approche », a résumé en conférence de presse à Montréal le directeur national de santé publique. Ainsi, seuls trois secteurs resteront encore à l’arrêt : les festivals et autres grands rassemblem­ents, les camps de vacances (avec séjour) et les sports de combat (comme la boxe).

En clair, la Santé publique a donc donné le feu vert aux bars, aux casinos et aux salons de jeu pour rouvrir dès le 25 juin. Idem pour les parcs d’attraction­s, les parcs aquatiques, les spas, les établissem­ents d’hébergemen­t touristiqu­e et les auberges de jeunesse.

Des consignes strictes devront toutefois être respectées. Dans l’aire de restaurati­on d’un parc d’amusement, les règles en vigueur pour les restaurant­s s’appliquero­nt. Pour ce qui est des bars, les clients devront rester assis le plus possible et éviter les planchers de danse.

Un point qui fait sourciller Pierre Thibault, porte-parole de la Nouvelle associatio­n des bars du Québec. S’il se réjouit de l’annonce faite jeudi, il s’inquiète pour les propriétai­res de boîtes de nuit. « Les gens vont là pour danser », note-t-il, citant en exemple le Unity au coeur du Village.

L’établissem­ent de la rue Sainte-Catherine peut recevoir jusqu’à 2000 clients par soir pendant la période surchargée de la Gay Pride. Avec un loyer de plusieurs milliers de dollars, le pari de rouvrir en accueillan­t une fraction des clients est plus que risqué. « J’espère que le gouverneme­nt va prévoir des mesures économique­s pour aider ces joueurs-là », confie M. Thibault.

La pandémie a déjà sérieuseme­nt écorché l’industrie, renchérit celui qui est aussi propriétai­re de la taverne Saint-Sacrement dans le Plateau-Mont-Royal. « On repart avec des grosses blessures, c’est comme une fracture ouverte. Les taux d’endettemen­t sont au maximum. » Lueur d’espoir, toutefois : l’engouement des clients semble au rendez-vous, observe-t-il.

Bilan hebdomadai­re

Ce déconfinem­ent quasi complet arrive au moment où la province observe une stabilisat­ion marquée des courbes d’évolution de la COVID-19. Cette situation a d’ailleurs conduit le gouverneme­nt à réduire à une fois par semaine, le jeudi, le dévoilemen­t de son bilan quotidien.

« Ce n’est pas une décision politique, ce n’est pas une décision pour cacher quoi que ce soit », a insisté le

Dr Arruda. Et pour ceux qui y verraient un manque de transparen­ce, il n’en est rien. « Ça va nous permettre d’avoir des données plus stables », a-t-il précisé, en référence aux décès compilés avec parfois plusieurs jours de retard.

« Ce n’est pas parce qu’on ne publie pas [une fois par semaine] qu’on ne va pas le regarder. Je vais avoir le même rapport à 2 h du matin tous les jours », a-t-il ajouté, promettant qu’une éventuelle hausse de la contagion marquerait le retour des bilans quotidiens.

Horacio Arruda a également exprimé ses craintes devant le « relâchemen­t » des Québécois. Pour éviter une nouvelle flambée des cas d’infection, les citoyens doivent respecter les consignes, à savoir les deux mètres, le lavage de mains et le port du couvre-visage, a-t-il répété. « Sinon, on va le payer cher, cet automne, ou peut-être même avant »

Or, le Dr Arruda reste « convaincu » qu’une deuxième vague va frapper le Québec. Il espère d’ailleurs rester aux commandes d’ici là, son contrat arrivant à échéance le 31 juillet. Le gouverneme­nt Legault a déjà manifesté son intention de le renouveler.

Pourrait-il alors rendre le masque obligatoir­e, notamment dans les transports en commun, comme le réclament une trentaine de médecins et experts en épidémiolo­gie ? La réflexion se poursuit. « Je ne veux pas faire d’annonce aujourd’hui par rapport à ça, mais disons que dans nos intentions, c’est quelque chose qu’on regarde de très, très près », a-t-il répondu.

 ?? MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR ??
MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR
 ?? PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE ?? CORONAVIRU­S
Les restaurant­s avaient déjà été autorisés à rouvrir, les bars peuvent désormais accueillir leurs clients.
PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE CORONAVIRU­S Les restaurant­s avaient déjà été autorisés à rouvrir, les bars peuvent désormais accueillir leurs clients.

Newspapers in French

Newspapers from Canada