Arruda déconfine en attendant la deuxième vague
Les bars, casinos, spas et parcs aquatiques peuvent rouvrir
Le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a annoncé que presque tous les secteurs peuvent rouvrir. Il n’a pourtant pas caché son inquiétude, prévenant que le Québec sera sans doute confronté à une deuxième vague.
Convaincu de l’arrivée d’une deuxième vague et « excessivement préoccupé » de voir des Québécois, sans masque, faisant fi des consignes de distanciation physique en public, le Dr Horacio Arruda a tout de même annoncé jeudi le déconfinement presque total du Québec, encouragé par des indicateurs à la baisse.
« À partir d’aujourd’hui, plutôt que de dire ce qu’on déconfine, on va vous dire ce qui n’est pas déconfiné. On change d’approche », a résumé en conférence de presse à Montréal le directeur national de santé publique. Ainsi, seuls trois secteurs resteront encore à l’arrêt : les festivals et autres grands rassemblements, les camps de vacances (avec séjour) et les sports de combat (comme la boxe).
En clair, la Santé publique a donc donné le feu vert aux bars, aux casinos et aux salons de jeu pour rouvrir dès le 25 juin. Idem pour les parcs d’attractions, les parcs aquatiques, les spas, les établissements d’hébergement touristique et les auberges de jeunesse.
Des consignes strictes devront toutefois être respectées. Dans l’aire de restauration d’un parc d’amusement, les règles en vigueur pour les restaurants s’appliqueront. Pour ce qui est des bars, les clients devront rester assis le plus possible et éviter les planchers de danse.
Un point qui fait sourciller Pierre Thibault, porte-parole de la Nouvelle association des bars du Québec. S’il se réjouit de l’annonce faite jeudi, il s’inquiète pour les propriétaires de boîtes de nuit. « Les gens vont là pour danser », note-t-il, citant en exemple le Unity au coeur du Village.
L’établissement de la rue Sainte-Catherine peut recevoir jusqu’à 2000 clients par soir pendant la période surchargée de la Gay Pride. Avec un loyer de plusieurs milliers de dollars, le pari de rouvrir en accueillant une fraction des clients est plus que risqué. « J’espère que le gouvernement va prévoir des mesures économiques pour aider ces joueurs-là », confie M. Thibault.
La pandémie a déjà sérieusement écorché l’industrie, renchérit celui qui est aussi propriétaire de la taverne Saint-Sacrement dans le Plateau-Mont-Royal. « On repart avec des grosses blessures, c’est comme une fracture ouverte. Les taux d’endettement sont au maximum. » Lueur d’espoir, toutefois : l’engouement des clients semble au rendez-vous, observe-t-il.
Bilan hebdomadaire
Ce déconfinement quasi complet arrive au moment où la province observe une stabilisation marquée des courbes d’évolution de la COVID-19. Cette situation a d’ailleurs conduit le gouvernement à réduire à une fois par semaine, le jeudi, le dévoilement de son bilan quotidien.
« Ce n’est pas une décision politique, ce n’est pas une décision pour cacher quoi que ce soit », a insisté le
Dr Arruda. Et pour ceux qui y verraient un manque de transparence, il n’en est rien. « Ça va nous permettre d’avoir des données plus stables », a-t-il précisé, en référence aux décès compilés avec parfois plusieurs jours de retard.
« Ce n’est pas parce qu’on ne publie pas [une fois par semaine] qu’on ne va pas le regarder. Je vais avoir le même rapport à 2 h du matin tous les jours », a-t-il ajouté, promettant qu’une éventuelle hausse de la contagion marquerait le retour des bilans quotidiens.
Horacio Arruda a également exprimé ses craintes devant le « relâchement » des Québécois. Pour éviter une nouvelle flambée des cas d’infection, les citoyens doivent respecter les consignes, à savoir les deux mètres, le lavage de mains et le port du couvre-visage, a-t-il répété. « Sinon, on va le payer cher, cet automne, ou peut-être même avant »
Or, le Dr Arruda reste « convaincu » qu’une deuxième vague va frapper le Québec. Il espère d’ailleurs rester aux commandes d’ici là, son contrat arrivant à échéance le 31 juillet. Le gouvernement Legault a déjà manifesté son intention de le renouveler.
Pourrait-il alors rendre le masque obligatoire, notamment dans les transports en commun, comme le réclament une trentaine de médecins et experts en épidémiologie ? La réflexion se poursuit. « Je ne veux pas faire d’annonce aujourd’hui par rapport à ça, mais disons que dans nos intentions, c’est quelque chose qu’on regarde de très, très près », a-t-il répondu.