Le Devoir

Hommages aux victimes de la guerre de Corée

Séoul et Pyongyang commémoren­t le début d’un conflit meurtrier qui oppose le Nord et le Sud depuis 70 ans

- ASIE AGENCE FRANCE-PRESSE À SÉOUL

Séoul et Pyongyang ont commémoré séparément, jeudi, le début il y a 70 ans de la guerre de Corée, un conflit qui a fait des millions de morts et n’est, techniquem­ent, toujours pas terminé.

C’est le 25 juin 1950 que les forces nord-coréennes avaient envahi le Sud pour tenter de réunifier de force une péninsule que Moscou et Washington avaient divisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la colonisati­on japonaise.

Les armes se sont tues trois ans plus tard à la faveur d’un armistice qui n’a jamais été suivi d’un traité de paix, ce qui signifie que les deux parties de la péninsule divisée par la zone démilitari­sée (DMZ) sont toujours en guerre.

Au Sud, les dépouilles de 150 soldats rapatriées d’Hawaï après avoir été sorties de terre en Corée du Nord ont été formelleme­nt reçues jeudi soir lors d’une cérémonie appelée « Le salut aux héros ».

Des messages vidéo des dirigeants de 22 nations étrangères qui ont combattu aux côtés des Sud-Coréens sous la bannière de l’ONU ont été diffusés, dont un du président américain, Donald Trump.

Défendre la paix

« La guerre de Corée a fait ce que nous sommes aujourd’hui », a déclaré le président sud-coréen, Moon Jae-in, lors de cette cérémonie.

« Nous voulons la paix, mais si quiconque menace nos vies et notre sécurité, nous répondrons avec fermeté », a-t-il ajouté. Il a aussi fait observer que l’économie sud-coréenne était « plus de cinquante fois » supérieure à celle de son voisin communiste du Nord.

Jeudi matin, Séoul et Washington ont réaffirmé leur engagement à défendre la paix « durement gagnée ».

« En ce jour de 1950, l’alliance militaire entre les États-Unis et la République de Corée naquit du fait de la nécessité, avant de se renforcer dans le sang », ont déclaré dans un communiqué commun le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, et son homologue sud-coréen, Jeong Kyeong-doo.

Sur les lieux d’une importante bataille, dans le comté de Cheorwon, près de la DMZ, une poignée de vétérans de la guerre ont célébré l’événement.

« Il est malheureux que le Sud et le Nord aient dû vivre dans l’affronteme­nt pendant 70 ans à cause de la guerre », a déclaré un vétéran avant que des colombes ne soient lâchées.

Les bilans de ce conflit ne font pas consensus. Le ministère sud-coréen de la Défense fait état de 520 000 NordCoréen­s tués, de même que 137 000 militaires du Sud et 37 000 Américains.

Tombes fleuries à Pyongyang

Pyongyang fait une lecture radicaleme­nt différente d’un conflit appelé au Nord la «Guerre de libération de la patrie» en affirmant avoir été attaqué par le Sud.

Les historiens ont cependant trouvé dans les archives soviétique­s de multiples documents montrant que Kim Ilsung demanda à Staline la permission d’envahir le Sud, et d’autres détaillant les préparatif­s de l’opération.

À Pyongyang, des militaires et des civils se sont rendus dans le cimetière des héros de la guerre, en banlieue de Pyongyang, pour fleurir les tombes.

Selon un sondage publié jeudi à Séoul par le Korea Institute for National Unificatio­n, la majorité des citoyens du Sud (54,9 %) préfèrent une « coexistenc­e pacifique » avec le Nord à une réunificat­ion (26,3 %).

Cessez-le-feu

Le journal officiel nord-coréen Rodong Sinmun a publié de son côté jeudi plus de dix articles consacrés à la guerre, dont un éditorial affirmant que les ÉtatsUnis « réduisiren­t tout le pays en cendres ». « Un cessez-le-feu n’est pas la paix », poursuit-il.

Encore aujourd’hui, la Corée du Nord justifie par l’existence d’une menace américaine ses programmes nucléaires, qui lui valent d’être sous le coup de plusieurs trains de sanctions internatio­nales.

Les relations entre Séoul et Washington ont été refroidies ces dernières années par les déclaratio­ns de Donald Trump selon lesquelles Séoul devrait verser une contributi­on plus importante au maintien de 28 500 soldats américains sur son sol.

Mais les alliés « demeurent totalement engagés dans la défense de la paix durement gagnée sur la péninsule coréenne », peut-on lire dans le communiqué.

Cet anniversai­re intervient au moment où les relations intercorée­nnes se sont considérab­lement dégradées, deux ans après le début d’une détente historique qui avait été marquée par plusieurs sommets entre le leader nord-coréen, Kim Jong-un, et son homologue sud-coréen.

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KIM WON JIN AGENCE FRANCE-PRESSE Des visiteurs baissent la tête devant un monument installé dans un cimetière militaire à Pyongyang. Le Nord et le Sud commémoren­t le début de la guerre de Corée, le 25 juin 1950.

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