Le Devoir

La prudence est de mise, dit Trudeau

Le premier ministre utilise l’exemple américain pour illustrer les conséquenc­es de la négligence

- MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Le gouverneme­nt fédéral cite les États-Unis en exemple pour convaincre les Canadiens de ne pas lâcher la lutte contre la COVID-19. Alors que les nouveaux cas de coronaviru­s explosent de jour en jour au sud de la frontière, Justin Trudeau et l’Agence de la santé publique fédérale somment les Canadiens de continuer de respecter les mesures d’hygiène et de distanciat­ion physique pour éviter une deuxième vague précipitée.

Les États-Unis comptaient lundi plus de 2,5 millions de cas de COVID-19. L’épidémie y a fait près de 126 000 victimes. À titre de comparaiso­n, le Canada compte 103 821 cas de COVID-19, dont 8566 décès. Lundi midi, quelque 571 nouveaux cas avaient été rapportés depuis dimanche, tandis qu’au sud de la frontière, ce sont 41 075 personnes qui se sont ajoutées au bilan des malades en 24 heures. Certains États, comme la Floride, constatent des milliers de nouveaux cas au quotidien.

« Par rapport à ce qu’on est en train de voir aux États-Unis, il faut apprendre des défis auxquels d’autres font face », a déclaré le premier ministre lundi. « Et c’est pourquoi même si, oui, on est en train de rouvrir l’économie, il va falloir qu’on continue de prendre des mesures, de porter des masques quand on ne peut pas garder notre distance de deux mètres, faire attention aux contacts avec les autres. Si nous ne voulons pas perdre tout le progrès qu’on a fait au cours des derniers mois, il va falloir qu’on continue à être vigilants même dans cette nouvelle phase de la pandémie », a-t-il insisté.

L’administra­teur en chef adjoint de la santé publique, le Dr Howard Njoo, a quant à lui prévenu que, si les Canadiens

« lâchent complèteme­nt toutes les mesures de santé publique aujourd’hui […], on pourrait avoir une recrudesce­nce, une autre vague, peut-être même dans deux ou trois semaines ».

La preuve, c’est que certains pays vivent déjà cette seconde éclosion, ont souligné les médecins hygiéniste­s en chef du pays. « C’est ce qui se passe en temps réel dans certaines régions du monde », a observé l’administra­trice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam. « Nous voyons une augmentati­on massive dans des endroits où certaines de ces mesures n’ont pas été respectées », a-t-elle noté, en expliquant que c’est pour cette raison que la santé publique implore les citoyens de ne pas lâcher, même si la courbe épidémiolo­gique est en train de s’aplatir au pays.

Le premier ministre n’a pas voulu prédire si la frontière canado-américaine demeurera fermée aux voyages non essentiels au-delà du 21 juillet. Les conversati­ons à ce sujet se poursuiven­t avec le gouverneme­nt américain, s’estil contenté d’indiquer.

Les plus touchés

Non seulement le nombre de nouveaux cas de COVID-19 est-il en train de reculer au Canada, mais le nombre de décès et d’hospitalis­ations est en « baisse constante » lui aussi, ont confirmé les autorités de santé publique.

Des points chauds de contaminat­ion communauta­ire persistent toutefois à Montréal et à Toronto. Et alors que le taux de propagatio­n du virus a diminué chez les personnes âgées, les 20 à

Il faut apprendre des défis auxquels »

d’autres font face JUSTIN TRUDEAU

40 ans représente­nt désormais la plus grande proportion de nouveaux cas depuis quelques semaines.

La Dre Tam a partagé lundi les derniers scénarios de propagatio­n de la COVID-19 au Canada. La santé publique fédérale prédit que de 8545 à 8865 personnes pourraient en mourir d’ici le 12 juillet, et que de 103 940 à 108 130 personnes en seraient atteintes. Or, 8566 personnes en étaient déjà mortes lundi, ce qui surpasse le scénario le plus optimiste d’Ottawa. Les deux dernières projection­s fédérales avaient elles aussi sous-estimé la propagatio­n de la pandémie.

Des bilans moins fréquents

Puisque la situation se calme, la Dre Tam, le Dr Njoo et M. Trudeau ont annoncé qu’ils mettaient un terme à leurs bilans quotidiens. Les médecins hygiéniste­s offriront désormais deux mises à jour par semaine. Le premier ministre n’a pas précisé à quelle fréquence il s’adressera aux Canadiens cet été. Il le fera « lorsque nous avons des mises à jour ou de l’informatio­n à partager », a-t-il simplement mentionné.

Le gouverneme­nt fédéral continuera, cela dit, de faire des mises à jour quotidienn­es du nombre de nouveaux cas et de décès causés par la COVID19 au pays. Le gouverneme­nt québécois avait prévu mettre fin à cette pratique la semaine dernière, pour ne fournir que des mises à jour hebdomadai­res, mais il a été forcé de faire marche arrière face au tollé que cette décision avait provoqué.

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