Québec abandonne le trambus pour financer le tramway
Les coûts estimés du projet de tramway ont explosé, passant de 2,3 à 3,1 milliards
L’augmentation des coûts attendus du tramway force la Ville de Québec à abandonner le trambus. Avec le retrait de ce volet majeur du projet de réseau structurant, le tramway compte désormais pour 94 % du budget du projet.
Le retrait du projet de trambus permet de dégager près de 500 millions de dollars dans le budget. Le bureau de projet en avait besoin pour faire face à la hausse des coûts du tramway, dont les coûts estimés ont explosé, depuis décembre, passant de 2,3 à 3,1 milliards sur un budget total de 3,3 milliards.
Depuis décembre, l’équipe de conception du tramway a compris qu’il lui manquait 696,8 millions de dollars pour le réaliser, notamment en raison des coûts élevés du tunnel et des stations sous la colline Parlementaire ainsi que du déplacement des infrastructures souterraines.
Prévu au projet depuis le début, le trambus devait relier le secteur d’Estimauville, près du fleuve, à l’Université Laval via le boulevard Charest, en BasseVille. Or, plutôt que de faire le parcours en 28 à 30 minutes grâce à une voie réservée au centre de la chaussée, les autobus devraient le compléter en environ 35 minutes sur une simple voie réservée en bordure de la route. À titre de comparaison, il faut actuellement 38 minutes pour faire le chemin en Métrobus, en passant par la Haute-Ville.
En conférence de presse, l’équipe du bureau de projet a défendu son choix en plaidant que le parcours sur le boulevard Charest demeure une « amélioration » puisqu’il n’y a aucune ligne à cet endroit.
« Ce qui compte pour moi, c’est le résultat final », a déclaré Régis Labeaume, qui dit vouloir en premier lieu « respecter le budget en transportant autant de monde ». « On avait dit [que ça coûterait] 3,3 milliards, pas une cenne de plus. »
M. Labeaume a aussi dit avoir écarté l’idée de se servir du transport en commun pour faire du développement immobilier le long du boulevard Charest. Le secteur Legendre, qui se trouve à l’extrémité ouest du tracé de tramway, lui semble désormais beaucoup plus prometteur. Il a par ailleurs fait valoir que la population du quartier Saint-Sauveur était opposée à la reconfiguration du boulevard requise par le trambus.
Un réseau structurant ou un tramway ?
Depuis son élection en 2017, l’administration Labeaume insiste beaucoup pour qu’on ne qualifie pas le projet de « tramway », mais bien de « réseau structurant ». Or, avec le retrait du trambus, cette nuance est-elle encore pertinente ?
« C’est encore plus un vrai réseau structurant avec ce qu’on a annoncé vendredi », a rétorqué le maire Labeaume. Vendredi, la Ville a annoncé qu’elle comptait prolonger ses parcours de transport en commun vers la périphérie pour relier son réseau de transport en commun aux MRC voisines. Ce projet ne fait toutefois pas partie de l’enveloppe de 3,3 milliards.
La mise à l’écart du trambus n’est pas le premier changement notable apporté au projet. Ces dernières semaines, le Bureau de projet a aussi abandonné un des deux centres d’entretien prévu. Il a dévié le parcours entre Saint-Roch et Limoilou près d’une rue résidentielle et projette de réduire la longueur du tunnel de 500 mètres dans le secteur de Montcalm.
Il n’y aura toutefois plus d’annonce de ce genre puisque le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement doit commencer à évaluer le projet à compter du 6 juillet prochain.