Des paradis en mal de touristes
Les petits États insulaires en développement ont un besoin criant de voyageurs
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sonne l’alarme. La dépression dans laquelle le secteur touristique est plongé depuis la pandémie frappera durement les petits États insulaires en développement (PEID).
Ces PEID abritent quelque 38 îles se nourrissant de l’apport des voyageurs internationaux, dont 16 dans les Caraïbes. Selon les données de l’institution spécialisée des Nations unies, le tourisme représente plus de 30 % des exportations totales dans la majorité de ces destinations, voire 90 % dans certaines. « L’impact que la COVID-19 a sur le secteur met en danger des millions d’emplois et d’entreprises, les femmes (occupant plus de la moitié des emplois touchés directement) et les travailleurs informels étant les plus vulnérables », insiste l’OMT.
En 2019, les PEID ont accueilli quelque 44 millions de touristes internationaux et le secteur a généré 55 milliards de dollars de recettes d’exportation. Or, les arrivées de touristes internationaux ont chuté de 47 % au cours des quatre premiers mois de cette année, déplore l’institution. « Un tel choc majeur se traduit par une perte massive d’emplois et une forte baisse des devises et des recettes fiscales, ce qui limite la capacité de dépenses publiques et la capacité de déployer les mesures nécessaires pour soutenir les moyens de subsistance pendant la crise. »
Selon les projections des Nations unies, les économies des PEID pourraient reculer de 4,7 % en 2020, contre 3 % pour l’économie mondiale.
Pressions sur Ottawa
Groupe de voyage Sunwing, qui fait des destinations soleil dans le Sud sa spécialité, est signataire d’une lettre ouverte adressée au premier ministre du Canada, aux côtés d’une centaine d’acteurs issus des compagnies aériennes, du monde aéroportuaire et de l’industrie touristique. Dans une entrevue accordée à BNN Bloomberg, le président de la composante aérienne Sunwing Airlines, Mark Williams, estime que des barrières peuvent être levées de manière sécuritaire. Il évoque des corridors avec des pays ayant, comme nous, maîtrisé la courbe de la pandémie et adopté des protocoles semblables aux nôtres.
« Les voyageurs veulent partir », dit-il, citant des réservations alignées sur les capacités offertes par le voyagiste l’hiver prochain, qui se situent à 65 % du niveau de l’hiver 2019-2020. Mais outre la réouverture ciblée des marchés, « le principal enjeu reste, pour ces voyageurs, l’application des 14 jours de quarantaine là où ce n’est plus requis », dit-il.
Dans cette lettre ouverte, les acteurs de l’industrie touristique maintiennent la pression sur Ottawa pour ne pas être exclus de la relance et exhortent le gouvernement à revoir les restrictions sur les voyages. « Nous avons appris à vivre avec le virus, pas à se cacher de lui […]. Maintenant que nous rouvrons la porte principale de nos maisons et de nos entreprises, nous avons besoin de rouvrir les portes de nos provinces, territoires — de notre pays. » À leurs yeux, nombre de restrictions encore en application, visant principalement la fermeture des frontières à l’ensemble des visiteurs internationaux et l’obligation de quarantaine, n’ont plus leur raison d’être. Ils souhaitent une reprise des liens et un arrimage avec les pays ayant déjà mis en place des protocoles d’hygiène et de biosécurité.