Le Devoir

Plages interdites dans certains États américains

- JEROME TAYLOR À HONG KONG AGENCE FRANCE-PRESSE

Des policiers en selle sur leur véhicule tout-terrain ont patrouillé jeudi sur la plage de Venice Beach, à Los Angeles. Plusieurs États, dont la Californie, le Texas et la Floride, ont ordonné la fermeture des plages durant le long week-end de la fête nationale américaine, le 4 juillet, afin de freiner la recrudesce­nce des cas de COVID-19. D’importants foyers sont réapparus dans le sud et l’ouest des États-Unis, amenant les autorités à rétablir certaines mesures, comme la fermeture des bars et d’autres lieux fréquentés par les jeunes.

Pékin a menacé jeudi le Royaume-Uni de représaill­es si celui-ci étendait les droits à l’immigratio­n des habitants de Hong Kong, après la mise en oeuvre dans cette ancienne colonie britanniqu­e d’une loi chinoise controvers­ée sur la sécurité nationale.

Plusieurs pays occidentau­x ont condamné le passage en force du pouvoir chinois sur ce texte adopté mardi, réprimant la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.

Le Congrès américain a à cet égard voté une loi prévoyant de sanctionne­r les responsabl­es chinois appliquant ces nouvelles règles sécuritair­es répressive­s et de cibler les banques qui les financent.

Le Sénat, en majorité composé de républicai­ns, comme la veille la Chambre des représenta­nts, où les démocrates dominent, a approuvé jeudi ce texte à l’unanimité.

Le même jour, Nathan Law, un des jeunes militants les plus en vue du mouvement hongkongai­s pour des réformes démocratiq­ues, a annoncé s’être enfui de Hong Kong après l’entrée en vigueur de cette nouvelle législatio­n, en vertu de laquelle dix manifestan­ts ont été arrêtés mercredi.

Ils faisaient partie des milliers de personnes, dont au total près de 400 ont été interpellé­es, qui ont défilé contre le texte, pour marquer le 23e anniversai­re de la rétrocessi­on en 1997 par Londres de ce territoire. La police a répondu en faisant usage de canons à eau, de gaz lacrymogèn­e et de gaz poivré.

Ajoutant sa voix au concert de critiques, le barreau de Hong Kong a diffusé une analyse juridique concluant que la formulatio­n très floue de cette loi sapait l’indépendan­ce de la justice et les libertés dans cette région semi-autonome.

Le Royaume-Uni a protesté contre une violation de l’accord sino-britanniqu­e qui avait orchestré la rétrocessi­on en vertu du principe «Un pays, deux systèmes» censé garantir jusqu’en 2047 à ce territoire du sud de la Chine des libertés inconnues dans le reste du pays.

En réaction, l’ancienne puissance coloniale a annoncé mercredi son intention d’élargir les droits à l’immigratio­n pour les Hongkongai­s afin de permettre aux millions de titulaires du « passeport britanniqu­e d’outre-mer », ou BN(O), de s’y installer plus longtemps et faciliter à terme l’accès à la citoyennet­é.

Londres a protesté contre une violation de l’accord sinobritan­nique qui avait orchestré la rétrocessi­on en vertu du principe « Un pays, deux systèmes »

Sanctuaire

Une annonce condamnée jeudi par Pékin. « Si la partie britanniqu­e modifiait unilatéral­ement la règle actuelle, cela constituer­ait une rupture de sa propre position ainsi qu’une violation du droit internatio­nal », a estimé l’ambassade de Chine à Londres dans un communiqué.

« Nous nous y opposons fermement et nous réservons le droit de prendre des mesures adéquates. »

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays à se poser en sanctuaire potentiel pour les Hongkongai­s inquiets pour leur avenir. Jugeant la situation hongkongai­se « très préoccupan­te » , le premier ministre australien, Scott Morrison, a annoncé que son gouverneme­nt envisageai­t de façon « très active » de proposer d’accueillir les habitants de la région chinoise. Taïwan a ouvert un bureau pour aider les Hongkongai­s à fuir.

Aux États-Unis, un projet de loi pour offrir l’asile aux Hongkongai­s a aussi été favorablem­ent accueilli.

La nouvelle législatio­n chinoise sur la sécurité nationale à Hong Kong apparaît comme une réponse des autorités chinoises à la crise politique de 2019, quand des foules de Hongkongai­s avaient manifesté pendant des mois pour dénoncer les ingérences de Pékin dans les affaires intérieure­s de leur territoire et demander davantage de libertés.

Les détracteur­s du texte sont convaincus qu’il est le prélude à une vaste campagne de répression à Hong Kong, ce genre de loi ayant déjà été utilisé, ailleurs en Chine, pour museler les dissidents.

« Disproport­ionné »

Pour le barreau hongkongai­s, le texte vient faire tomber la séparation entre le système judiciaire de Hong Kong indépendan­t et la justice de Chine continenta­le, dont les tribunaux sont contrôlés par le Parti communiste.

Dans une analyse de cinq pages, les avocats observent que les infraction­s y sont très vaguement définies, qu’elles « peuvent être utilisées de façon arbitraire et d’une façon qui empiète de manière disproport­ionnée sur les droits fondamenta­ux, parmi lesquels la liberté de conscience, d’expression et de rassemblem­ent ».

Dénonçant « l’absence totale de consultati­ons dignes de ce nom », le barreau s’inquiète des pouvoirs de surveillan­ce élargis accordés à la police, notamment en matière d’écoutes, sans supervisio­n judiciaire, de la possibilit­é de procès à huis clos ou encore du fait que Pékin ait le dernier mot quant à l’interpréta­tion du texte.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian a qualifié jeudi d’ « infondées » ces accusation­s d’absence de consultati­ons.

Les détracteur­s du nouveau texte dénoncent notamment le fait que la Chine aura juridictio­n sur certaines affaires tombant sous le coup de la loi, ce qui ira à l’encontre de l’idée d’un territoire souverain d’un point de vue judiciaire, et que les policiers chinois pourront opérer sur le sol hongkongai­s, ce qui sera une première.

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MARK J. TERRILL ASSOCIATED PRESS
 ?? ISAAC LAWRENCE AGENCE FRANCE-PRESSE ?? L’activiste Nathan Law, photograph­ié en octobre 2017, s’est enfui jeudi de Hong Kong par crainte d’être arrêté par les forces de l’ordre.
ISAAC LAWRENCE AGENCE FRANCE-PRESSE L’activiste Nathan Law, photograph­ié en octobre 2017, s’est enfui jeudi de Hong Kong par crainte d’être arrêté par les forces de l’ordre.

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