Le Devoir

Plus de 350 ménages sans logis au lendemain du 1er juillet

Il s’agit du pire bilan depuis longtemps selon le FRAPRU

- JEANNE CORRIVEAU

Au lendemain de la journée des déménageme­nts, plus de 350 ménages se sont retrouvés sans logis au Québec, le pire bilan enregistré en 17 ans. Le Front d’action en réaménagem­ent urbain (FRAPRU) craint d’ailleurs que le nombre de locataires en difficulté augmente au cours des prochaines semaines.

À la lumière des données fournies par les services d’aide mis en place par les municipali­tés, le FRAPRU a constaté que 252 des 357 ménages qui ont dû être hébergés dans des hôtels ou chez des proches faute d’avoir pu signer un bail étaient dans la grande région de Montréal. Aucun ménage ne se serait retrouvé sur le trottoir dans la métropole, a toutefois précisé le FRAPRU.

L’organisme, qui dressait jeudi son bilan post-déménageme­nt, estime que la situation est « effarante ». La hausse du coût des loyers, la pénurie de logements abordables, la pandémie et le taux d’inoccupati­on très bas — 1,8 % pour l’ensemble du Québec et 1,2 % pour les grands logements — ont fait en sorte que de nombreux ménages n’ont pas pu dénicher de logement.

Une crise qui perdurera

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, a signalé qu’en 2005, avec un taux d’inoccupati­on de 1,5 %, le nombre de sans-logis était bien moindre, autour de 163, au lendemain de la journée des déménageme­nts. « Il y avait davantage de locataires qui avaient pu obtenir un supplément au loyer d’urgence. On pense que c’était une partie de l’explicatio­n », a-t-elle expliqué.

Le FRAPRU croit que la crise ne s’arrêtera pas là et que, dans les prochaines semaines, bien des locataires pourraient se retrouver en difficulté. En raison de la pandémie, certains ont pu obtenir un délai supplément­aire d’un mois pour demeurer dans leur logement alors que, pour d’autres, la suspension des audiences de la Régie du logement n’a fait que repousser leur départ. Et les statistiqu­es ne tiennent pas compte des locataires qui ont accepté de signer un bail pour un logement trop cher, précise-t-on.

« On est très inquiets au FRAPRU pour la suite des choses », a dit Mme Laflamme qui presse les municipali­tés et le gouverneme­nt du Québec de maintenir l’aide aux locataires aussi longtemps que requis comme Montréal s’est engagée à le faire.

Selon le FRAPRU, la crise du logement démontre que des gestes doivent être posés pour protéger le parc de logements abordables. Mme Laflamme a évoqué la nécessité de mieux encadrer les enjeux de subdivisio­ns ou d’agrandisse­ments de logements qui mènent à l’expulsion de locataires. Huit arrondisse­ments montréalai­s ont adopté des règlements pour limiter les « rénovictio­ns ». Le gouverneme­nt devrait agir dans le même sens à l’échelle du Québec, estime le FRAPRU. « La Loi sur la Régie du logement est pleine de trous », estime Véronique Laflamme.

Plus de logements sociaux

Le gouverneme­nt devrait aussi accélérer la constructi­on de logements sociaux. « Le logement social devrait être inclus dans le plan de relance économique. Le gouverneme­nt Legault dit vouloir mettre les infrastruc­tures publiques et la constructi­on au coeur de ce plan de relance. Il nous semble logique que le logement social sans but lucratif sur lequel personne ne fait de profit en fasse partie », avance-t-elle.

De son côté, la Société d’habitation du Québec (SHQ) et les offices d’habitation ont fait savoir qu’en date de jeudi, ils avaient reçu 522 demandes d’aide provenant de locataires. De ce nombre, 276 ménages ont pu être logés de façon permanente alors que les 246 autres ont été hébergés temporaire­ment chez des proches ou à l’hôtel.

La SHQ mentionne aussi que 2621 locataires ont fait une demande de prêt sans intérêt pour un an afin d’être en mesure de payer leur loyer des mois de mai et juin.

Le FRAPRU croit que la crise ne s’arrêtera pas là et que dans les prochaines semaines, bien des locataires pourraient se retrouver en difficulté

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Le FRAPRU a constaté que 252 des 357 ménages qui ont dû être hébergés dans des hôtels ou chez des proches faute d’avoir pu signer un bail étaient dans la grande région de Montréal.

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