Le Devoir

L’ex-collaborat­rice d’Epstein inculpée de trafic de mineures

- JUSTICE CATHERINE TRIOMPHE AGENCE FRANCE-PRESSE

Ghislaine Maxwell, ancienne collaborat­rice et ex-compagne de Jeffrey Epstein, a été arrêtée jeudi aux ÉtatsUnis et inculpée de trafic de mineures. Elle est accusée d’avoir recruté des jeunes filles victimes d’abus sexuels commis par le financier new-yorkais.

La fille de l’ancien magnat britanniqu­e Robert Maxwell, 58 ans, a été interpellé­e jeudi vers 8 h 30 locales dans la ville de Bradford, dans le New Hampshire, près d’un an après le suicide en prison du millionnai­re.

Elle devait être présentée à un juge fédéral dans l’après-midi, rebondisse­ment majeur dans ce scandale qui touche à la jet-set et à la famille royale britanniqu­e, en raison des liens entre M. Epstein et le prince Andrew.

Selon l’acte d’accusation, elle sera inculpée formelleme­nt de six chefs, notamment d’incitation à des actes sexuels illégaux et pour avoir « aidé, facilité et contribué aux agressions sur mineures de Jeffrey Epstein » de 1994 à 1997. Soit plusieurs années avant les faits pour lesquels Jeffrey Epstein avait été inculpé en juillet 2019, qui dataient du début des années 2000.

Elle est aussi accusée d’« avoir menti de façon répétée » lors d’un témoignage sous serment dans le cadre d’un procès au civil en 2016, ce qui lui vaut deux chefs d’inculpatio­n pour faux témoignage.

L’acte d’accusation cite trois victimes présumées, nommées uniquement par des numéros, toutes mineures à l’époque des faits : il indique qu’elles ont été amenées par Ghislaine Maxwell dans les résidences du financier à Manhattan, en Floride, au NouveauMex­ique, ainsi que dans la résidence de Mme Maxwell à Londres, avant d’être agressées sexuelleme­nt.

Ghislaine Maxwell « se liait avec ces filles, en leur posant des questions sur leur vie » et en les invitant au cinéma ou à faire des emplettes, a souligné la procureure fédérale de Manhattan, Audrey Strauss, lors d’un rare point de presse avec présence physique des journalist­es.

Elle « normalisai­t » l’obligation qui leur était faite d’avoir un rapport sexuel avec lui, en se déshabilla­nt devant elles et en participan­t à des massages sexuels, a-t-elle ajouté, saluant le « courage » des femmes ayant accepté de témoigner « des décennies après » les agressions présumées.

Le seul chef d’inculpatio­n pour incitation à des actes sexuels illégaux pourrait valoir à cette habituée de la jet-set la prison à perpétuité en cas de condamnati­on.

« Magnifique propriété »

Depuis que Jeffrey Epstein s’est pendu dans une prison de Manhattan en août 2019, à l’âge de 66 ans, Ghislaine Maxwell figurait en tête de liste des complices présumés dans l’enquête que la justice avait promis aux victimes de poursuivre.

Plusieurs victimes présumées de Jeffrey Epstein avaient indiqué, aux médias ou dans des documents juridiques, avoir été « recrutées » par Ghislaine Maxwell, à une époque où elles constituai­ent des proies faciles, inexpérime­ntées et désargenté­es.

Mme Maxwell avait disparu de la circulatio­n depuis l’arrestatio­n du financier en juillet 2019, alimentant toutes les conjecture­s, relayées par les tabloïdes britanniqu­es. Mais les enquêteurs new-yorkais étaient toujours restés muets sur son sort ou l’éventualit­é de son arrestatio­n.

« Nous suivions discrèteme­nt ses déplacemen­ts », a indiqué William Sweeney, un responsabl­e du FBI newyorkais, lors de la conférence de presse.

« Récemment, nous avions appris qu’elle s’était faufilée dans une magnifique propriété du New Hampshire, continuant à mener une vie de privilégié­e tandis que ses victimes souffrent de traumatism­e infligé il y a des années », a-t-il ajouté.

Détentrice de plusieurs passeports, Ghislaine Maxwell était une figure de la jet-set, tout comme Jeffrey Epstein, dont le carnet d’adresses comptait de nombreuses célébrités en Europe et aux États-Unis, y compris le prince Andrew et l’ex-président américain Bill Clinton.

Le suicide du financier avait alimenté toutes sortes de théories du complot, laissant entendre qu’il aurait été éliminé pour ne pas compromett­re ses puissants amis.

Pressions sur le prince Andrew

L’arrestatio­n de Ghislaine Maxwell risque de placer le prince Andrew à nouveau sous les projecteur­s.

Dans des documents juridiques publiés en août 2019, une femme, Virginia Roberts, affirmait avoir eu des relations sexuelles avec le prince, auxquelles Epstein l’aurait contrainte lorsqu’elle avait 17 ans.

Le duc de York a toujours démenti ces allégation­s, mais la publicatio­n d’une photo montrant Virginia Roberts à cette époque enlacée par le prince a alimenté les rumeurs, ainsi qu’un cliché montrant le prince en train de se promener à New York avec le financier alors même que ce dernier avait déjà été condamné et emprisonné pour recours à la prostituti­on en 2008.

Après l’avoir accusé de « faire semblant » de vouloir coopérer avec la justice américaine, la procureure Strauss a indiqué jeudi que les enquêteurs new-yorkais espéraient toujours interroger le prince, tombé en disgrâce avec cette affaire.

« Nous serions ravis que le prince Andrew vienne nous parler, nous aimerions pouvoir profiter de ses déclaratio­ns », a-t-elle indiqué, soulignant que l’enquête était toujours en cours.

 ?? LAURA CAVANAUGH GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Ghislaine Maxwell, photograph­iée en septembre 2013 à New York, est accusée d’avoir recruté des jeunes filles victimes d’abus sexuels commis par le financier new-yorkais Jeffrey Epstein.
LAURA CAVANAUGH GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE Ghislaine Maxwell, photograph­iée en septembre 2013 à New York, est accusée d’avoir recruté des jeunes filles victimes d’abus sexuels commis par le financier new-yorkais Jeffrey Epstein.

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