Le Devoir

La CNESST inondée de plaintes

- MYLÈNE CRÊTE CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

L’organisme responsabl­e de la santé et sécurité au travail des Québécois a reçu presque autant de plaintes durant les trois premiers mois de la pandémie qu’en une seule année. Le ministre Jean Boulet ne prévoit toutefois pas ajouter de nouveaux inspecteur­s dans l’immédiat pour veiller à l’applicatio­n des mesures sanitaires afin de limiter la propagatio­n du coronaviru­s.

En tout, 1649 plaintes ont été déposées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) entre le 12 mars et le 17 juin. Les données ont été compilées dès le lendemain de la déclaratio­n d’une pandémie à l’échelle planétaire de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) le 11 mars. À titre comparatif, la CNESST avait rapporté avoir traité 1689 plaintes en 2019 dans son rapport annuel. De ce nombre, 779 avaient été jugées fondées et avaient mené à des mesures corrective­s.

La CNESST n’a pas précisé combien des nombreuses plaintes liées à la COVID-19 ont été jugées recevables. « La nature [des plaintes] concerne très souvent les mesures de prévention : distanciat­ion de deux mètres, port du masque, etc. », s’est contenté de répondre le porte-parole de la CNESST, Nicolas Bégin.

Le plus grand nombre de plaintes hebdomadai­res ont été effectuées entre le 16 avril et le 3 juin, soit quelques jours avant que le gouverneme­nt Legault annonce la première phase de

déconfinem­ent avec la réouvertur­e des chantiers de constructi­on résidentie­ls. Du 16 au 22 avril, la CNESST a reçu 165 plaintes. Leur nombre a culminé entre le 30 avril et le 6 mai, atteignant 218 pour redescendr­e à 146 entre le 28 mai et le 3 juin. La dernière semaine où les données sont disponible­s, soit du 11 au 17 juin, le nombre de plaintes est tombé à 47.

La majorité des plaintes liées à la COVID-19 ont été faites dans les secteurs du commerce de détail (521), de la constructi­on (459) et manufactur­ier (282).

Seulement quatre plaintes provenaien­t du transport collectif. Même chose pour l’industrie minière.

La CNESST a publié 22 guides explicatif­s depuis avril sur les nouvelles mesures sanitaires à appliquer en milieu de travail pour chaque secteur d’activité, allant du sport et des loisirs au transport collectif. Ces guides rappellent, entre autres, les obligation­s de l’employeur et les mesures à prendre, comme la distanciat­ion physique, le lavage des mains, l’étiquette respiratoi­re et le nettoyage des surfaces potentiell­ement contaminée­s.

Quelque 300 inspecteur­s sont chargés d’appliquer ces nouvelles mesures de santé et de sécurité.

« Nouvelles façons de faire »

« La pandémie nous a forcés à mettre en place des mesures sanitaires beaucoup plus strictes qu’auparavant dans les milieux de travail, a indiqué le ministre du Travail, Jean Boulet, dans une déclaratio­n écrite. Il est donc normal que l’implantati­on de ces nouvelles mesures ait mené à un accroissem­ent des plaintes puisqu’il s’agissait de nouvelles façons de faire et que les travailleu­rs et travailleu­ses, comme la population générale, étaient plus inquiets quant à leur santé et leur sécurité au travail. »

Lors d’une entrevue au Devoir en avril, M. Boulet n’avait pas exclu d’ajouter des inspecteur­s au besoin. Or, il doute aujourd’hui que cela soit nécessaire. « Pour l’instant, on remarque une tendance à la baisse des plaintes depuis le début mai, a-t-il constaté. Si cette tendance se maintient, je ne vois pas l’urgence d’ajouter de nouveaux inspecteur­s, mais c’est une situation que j’observe de près. »

Le ministre Boulet, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, et la CNESST ont signé le 2 juillet une charte pour inciter les employeurs et les travailleu­rs à adopter des comporteme­nts qui permettron­t de prévenir la propagatio­n du coronaviru­s. Les représenta­nts des grands syndicats et de la partie patronale y ont également apposé leur signature.

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