Le Devoir

L’Algérie enterre ses «martyrs»

Les 24 combattant­s anticoloni­aux remis par la France ont trouvé le repos dimanche

- ABDELLAH CHEBALLAH À ALGER AGENCE FRANCE-PRESSE

L’Algérie a enterré dimanche, jour anniversai­re de son indépendan­ce, les restes de 24 combattant­s anticoloni­aux remis par la France au carré des « martyrs », mais attend toujours des excuses de Paris pour solder le passé douloureux de la colonisati­on.

« Aujourd’hui est un grand jour. Pour moi, c’est le véritable jour de l’indépendan­ce. Il s’agit des premiers Algériens qui se sont sacrifiés pour le pays. Sans eux, nous ne serions pas ici aujourd’hui », a dit à l’AFP Yamina, 83 ans, l’arrière-petite-fille de Mokhtar Ben Kouider El Titraoui, l’un des 24 « martyrs ».

Conservés depuis des décennies dans un musée parisien, les restes mortuaires — des crânes — de ces Algériens tués au début de l’occupation française au XIXe siècle ont été inhumés lors d’obsèques solennelle­s au cimetière d’El Alia, le plus grand du pays. Situé dans la banlieue est d’Alger, il abrite le « carré des martyrs de la Révolution algérienne », où reposent l’émir Abdelkader, héros de la première résistance anti-française, et les grandes figures de la guerre d’indépendan­ce (1954-1962).

Les 24 cercueils ont été mis en terre dans un carré près des tombes des anciens chefs d’État, en présence du président Abdelmadji­d Tebboune et de dignitaire­s. Les drapeaux algériens qui les recouvraie­nt ont été remis par M. Tebboune à des « cadets de la nation, des lycéens qui suivent leur cursus dans des écoles militaires, comme un passage de témoin à la jeune génération », selon un responsabl­e.

Après leur transfert vendredi de France en Algérie, les cercueils ont été exposés samedi au Palais de la culture à Alger, où une foule nombreuse s’est déplacée pour un ultime hommage.

Certains pleuraient en se recueillan­t devant ces morts, parmi lesquels figure cheikh Bouziane, le chef de l’insurrecti­on des Zibans, dans l’Est algérien, et ses compagnons d’armes. Capturés par les Français, ils avaient été fusillés puis décapités.

Colonisée pendant 132 ans (18301962), l’Algérie avait demandé officielle­ment la remise des crânes — plusieurs dizaines — et d’archives coloniales en janvier 2018.

Il s’agit des premiers Algériens qui se sont sacrifiés pour le pays. Sans eux, nous ne serions »

p as ici aujourd’hui YAMINA

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AGENCE FRANCE-PRESSE Les restes des 24 combattant­s remis par la France ont été enterrés au jour de l’anniversai­re de l’indépendan­ce de l’Algérie, dimanche.

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