Le Devoir

Trump annule un rassemblem­ent politique

L’événement, qui devait se tenir au New Hampshire, avait suscité l’inquiétude d’une éclosion de COVID-19

- JÉRÔME CARTILLER À MIAMI

Donald Trump a reporté à la dernière minute un rassemblem­ent initialeme­nt prévu samedi, officielle­ment à cause d’une tempête, alors qu’il cherchait à redonner un coup de fouet à sa campagne pour un second mandat face à un Joe Biden de mieux en mieux placé dans les sondages.

Le président a de nouveau critiqué la Chine en regard de la pandémie : « Les relations avec la Chine ont été gravement endommagée­s », a-t-il asséné à bord de son avion à des journalist­es. Pékin « aurait pu stopper » le virus, mais « ne l’a pas fait ».

La porte-parole du président américain a annoncé vendredi que l’assemblée prévue à Portsmouth dans le New Hampshire était reportée « d’une semaine ou deux », officielle­ment en raison de la menace posée par la tempête tropicale Fay.

Ce rassemblem­ent avait suscité l’inquiétude, car le New Hampshire est l’une des rares régions du pays où la pandémie de COVID-19 est en déclin. Même le gouverneur républicai­n de l’État avait dit qu’il ne serait pas venu, par précaution sanitaire, et l’équipe Trump semblait avoir renoncé à une forte affluence.

Ce n’est pas donc pas ce week-end que Donald Trump rebondira après la déception de l’événement tenu à Tulsa, dans l’Oklahoma, le 20 juin, qui avait rassemblé 6200 personnes dans une salle à moitié vide, et qui a été suivi par une flambée de nouveaux cas de COVID-19 deux semaines après.

« Faites attention, et nous serons bientôt là ! » a tweeté Donald Trump.

Le dirigeant républicai­n passait la journée de vendredi à Miami, en Floride, qui est l’un des gros foyers actuels de l’épidémie de COVID-19, mais le coronaviru­s n’était pas à l’ordre du jour de ses déplacemen­ts.

Il a rendu visite au commandeme­nt militaire pour l’Amérique du Sud, puis participé à une table ronde sur le « soutien au peuple vénézuélie­n » dans une église. À son arrivée à l’aéroport, chez les militaires, tous les officiels portaient des masques.

« Nous sommes toujours en train de le combattre [le virus], et nous obtiendron­s de très bons résultats », a-t-il assuré.

Mauvais sondages

Le président américain persiste à dire, faussement, que la flambée des cas est uniquement due à un meilleur dépistage. Depuis un mois, le nombre de tests réalisés quotidienn­ement a augmenté de 33 %, mais le nombre de cas détectés de 167 %, selon les données du COVID Tracking Project. Au Texas, en Floride, dans l’Arizona et en Californie, l’écart est plus grand encore.

Le nombre de morts dus à la COVID19, à l’échelle nationale, qui avait chuté depuis les pics d’avril à la faveur de l’améliorati­on de la situation à New York, a recommencé à monter récemment, les nombreuses contaminat­ions du mois de juin se transforma­nt progressiv­ement en décès. Ces derniers jours, le Texas et la Floride ont rapporté chacun leur nombre record de décès depuis le début de la pandémie.

La campagne de réélection du président en souffre. Les deux tiers des Américains désapprouv­ent désormais la gestion de la pandémie par Donald Trump, selon un sondage ABC publié vendredi, contre une moitié en avril. Les sondages pour l’élection du 3 novembre donnent neuf points d’avance en moyenne à son adversaire, le démocrate Joe Biden.

« Dans les vrais sondages, nous sommes en très bonne position », a dit Donald Trump vendredi.

Trump critique Fauci

« En tant que pays, quand nous nous comparons à d’autres pays, je ne crois pas qu’on puisse dire que nous nous en sortions bien. Ce n’est tout simplement pas le cas », a dit Anthony Fauci, plus haut expert en maladies infectieus­es du gouverneme­nt américain, de la gestion actuelle de la pandémie au site FiveThirty­Eight jeudi.

C’est lui qui avait averti, la semaine dernière, quand le pays enregistra­it 40 000 cas journalier­s, que la barre des 100 000 cas par jour pourrait être atteinte ; le bilan de jeudi était de 65 000.

Membre de la cellule de la Maison-Blanche sur le coronaviru­s, il voyait au printemps Donald Trump tous les jours, et il a toujours pris soin de ne jamais critiquer le dirigeant, tout en étant le seul membre de la cellule à sonner le signal d’alarme sur le redémarrag­e de l’épidémie en juin. Une distance s’est depuis installée.

Dans une entrevue au Financial Times, l’immunologu­e a confié qu’il n’avait plus vu Donald Trump depuis le 2 juin, et qu’il ne l’avait pas breffé depuis au moins deux mois.

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