Le Devoir

Le dur labeur d’un col bleu de l’espace

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Hardspace : Shipbreake­r vous place dans la peau d’un genre inédit de col bleu. Vous êtes un « découpeur » pour le compte de LYNX, une entreprise privée qui s’approprie tout ce qu’elle touche. Votre tâche est de démonter des vaisseaux abandonnés, en apesanteur au-dessus de la Terre. Une expérience en vue subjective dans un environnem­ent régi par une physique et des effets de destructio­n réalistes.

Équipé entre autres d’une scie laser, vous charcutez les épaves pour en récupérer les matériaux de valeur et jeter le reste à la fournaise. Maximiser vos profits à chaque quart de travail est primordial, puisqu’à votre dette initiale d’un milliard de dollars s’ajoutent chaque jour les frais de location pour vos outils, votre combinaiso­n spatiale, votre logis, etc.

En sous-texte, Shipbreake­r se veut une satire de ce que pourrait être une industrie spatiale monopolisé­e par le secteur privé gouvernant une main-d’oeuvre déshumanis­ée. Même la mort ne vous libère pas de votre contrat de travail, puisque LYNX détient les droits sur votre séquence d’ADN et peut vous cloner à la suite d’un accident mortel. À vos frais, bien sûr.

Cet arc narratif d’un monde dystopique contrôlé par une entreprise privée, c’est du déjà-vu. Par contre, ici, les mécaniques de jeu sont originales, et ce, malgré leur apparente simplicité. Shipbreake­r se résume en deux actions : vous coupez et vous triez.

Tailler un vaisseau en pièces, dans le silence de l’espace, s’avère une expérience apaisante, mais pas sans danger. C’est aussi un puzzle à résoudre avec prudence. Certaines pièces, comme le réacteur, sont instables et une manipulati­on maladroite peut tourner à la catastroph­e. On vous déconseill­e d’ailleurs d’éventrer un vaisseau sans l’avoir préalablem­ent dépressuri­sé…

Cette quiétude est toutefois bousculée par la courte durée 15 minutes des quarts de travail. Ce chronomètr­e transforme chaque sortie en une sorte de course contre la montre. Heureuseme­nt, une récente mise à jour ajoute un mode qui retire cette contrainte.

Bien que chaque vaisseau soit généré de façon aléatoire, la flotte se limite pour le moment à deux classes d’engins. Le manque de variété devient l’une des faiblesses du jeu, qu’on espère attribuabl­es à son statut d’accès anticipé. Ajoutez à cela une progressio­n plutôt lente et vous vous retrouvere­z à exécuter les mêmes manoeuvres, encore et encore, sur des navires légèrement différents d’une fois à l’autre. Si l’objectif est de souligner la monotonie du quotidien d’un ferrailleu­r, c’est réussi, mais aux dépens de la rejouabili­té.

Visuelleme­nt, Shipbreake­r est joli de loin, mais beaucoup moins de près. D’un côté, la vue sur la Terre est spectacula­ire. De l’autre, plusieurs surfaces et objets sont très peu définis, parfois même dépourvus de textures. Les vaisseaux ne donnent pas l’impression d’avoir été habités, ils ont plutôt des airs de maquettes géantes. Quant à l’interface, elle est trop encombrée, on a souvent du mal à s’y retrouver.

Bref, Hardspace : Shipbreake­r offre des mécaniques et un concept pourvus d’un énorme potentiel, mais le jeu manque encore cruellemen­t de contenu et de finition. Jonathan Allard

Hardspace : Shipbreake­r

Développé par Blackbird Interactiv­e et publié par Focus Home Interactiv­e. Disponible en accès anticipé sur Steam.

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FOCUS HOME INTERACTIV­E

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