Chaplin dans l’oeil du FBI
Comment l’Amérique paranoïaque a fait bannir le cinéaste avant de le réhabiliter avec les honneurs
J. Edgar Hoover, le puissant patron du FBI, n’en a jamais démordu. Pendant plus de 50 ans, le service qu’il a dirigé d’une main ferme pendant presque aussi longtemps a noirci des pages de notes obsessives sur le cinéaste Charlie Chaplin. Cette impitoyable traque est concentrée dans un document déclassé de près de 2000 pages dont la rédaction débutera en 1922 pour se terminer en 1978, peu après la mort du créateur iconoclaste, matière première de FBI. Le dossier Chaplin.
Écrit avec compétence par Patrick Cabouat et narré avec chaleur par Flor Lurienne, ce documentaire a choisi son camp, usant ouvertement de la métaphore de David contre Goliath pour illustrer le combat de celui qui se décrivait comme un « patriote de l’humanité ». Le Charlot qu’il raconte ne craint ni l’irrévérence ni le scandale, défendant les plus modestes, repoussant les limites et dénonçant les injustices. Or, ses films, sous leur vernis divertissant, égratignent le conservatisme de l’Amérique de l’après-guerre qui redoute plus que tout le spectre du communisme. Des films comme Les temps modernes, L’enfant ou Le dictateur inquiètent le pouvoir, qui y décèle des idées séditieuses, dont celle du péril rouge qui fait tant trembler l’Amérique paranoïaque. Raconté dans l’ordre chronologique, l’ensemble reste gentil, pour ne pas dire un peu fade. C’est que Patrick Cabouat embrasse très largement son sujet — lequel sera banni des États-Unis un temps avant d’y revenir auréolé d’honneur, en 1972 — pour s’égarer trop souvent dans le bling-bling et les potins, cela, au détriment de la politique et des idées.
FBI. Le dossier Chaplin
ICI RDI, le jeudi 16 juillet, 20 h