Le Devoir

Montréal se prépare pour une éventuelle deuxième vague

La Santé publique s’est fixé deux priorités : dépister et gérer les éclosions, et éviter que le virus retourne dans les milieux pour aînés

- GUILLAUME LEPAGE

Après avoir été l’épicentre de la pandémie au pays, Montréal dit avoir fait ses devoirs et se prépare « au pire » en vue d’une éventuelle deuxième vague.

« On n’est pas capable de prédire si ce sera plusieurs petites éclosions, des moyennes vagues ou une grosse en novembre. Mais clairement, on doit se préparer au pire », a soutenu vendredi en point de presse la directrice de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin.

Mais un reconfinem­ent à grande échelle est « très peu probable », a avancé le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique. Mettre le Québec sur pause a permis de sauver « beaucoup de vies », mais il y a eu des « effets pervers », a-t-il dit, notamment chez des écoliers privés de socialisat­ion et des personnes âgées en perte d’autonomie.

En vue de l’automne, l’objectif est donc de « protéger les gens plus vulnérable­s », mais aussi de « maintenir la transmissi­on communauta­ire le plus bas possible » et d’éviter de surcharger le réseau, a souligné Mylène Drouin. Pour y arriver, la Santé publique montréalai­se s’est fixé deux priorités : être prêt à dépister, enquêter et gérer les éclosions, et éviter que le virus retourne dans les milieux pour aînés.

Cela étant, la gestion du personnel soignant reste un enjeu crucial en vue d’une potentiell­e deuxième vague, ont concédé les deux experts vendredi.

Un « centre de commande » régional a été mis sur pied, réunissant entre autres la Santé publique et un représenta­nt du ministère de la Santé et des Services sociaux. Il permettra d’examiner des approches spécifique­s aux enjeux montréalai­s et de « prendre des décisions rapidement », a exposé la Dre Drouin.

Un projet-pilote de « centre de contact » a également vu le jour. Ce lieu géré par une firme externe récolte désormais les informatio­ns des gens infectés, de celles des personnes côtoyées et des lieux fréquentés. Le but était de dégager de cette tâche chronophag­e les enquêteurs de la santé publique, et éviter de les mobiliser en masse en cas de flambée des cas, a expliqué la Dre Drouin.

Ces centres de commande et de contact figuraient parmi les 24 recommanda­tions formulées par la nouvelle sous-ministre de la Santé et des Services sociaux, Dominique Savoie, dans un rapport sur les lacunes dans la gestion de la crise à Montréal.

La Santé publique informatis­e par ailleurs les processus d’enquête. Pour que, notamment, les résultats négatifs soient directemen­t envoyés aux patients, a détaillé le Dr Arruda.

La rentrée scolaire est aussi sous la loupe de la Santé publique de Montréal, mais les détails seront communiqué­s « dans les prochaines semaines », a fait savoir Mylène Drouin. Québec doit présenter son plan réajusté du retour en classe lundi.

Surtout dans les CHSLD

Devant les journalist­es, la D Drouin a dressé un bilan du printemps mouvementé. Elle avait fait plus tôt le point avec le Dr Arruda et les 10 présidents­directeurs généraux des CIUSSS de Montréal.

Sans surprise, le virus a fauché de nombreuses vies dans les milieux pour aînés — incluant CHSLD et résidences pour aînés. Ils ont accaparé 88 % de tous les décès liés à la COVID-19 recensés sur le territoire. Et 76 % d’entre eux se sont retrouvés avec une éclosion.

Par ailleurs, les travailleu­rs de la santé ont été particuliè­rement touchés par la pandémie, a souligné la Dre Drouin. Quelque 6268 d’entre eux ont été infectés, soit 22 % de tous les cas enregistré­s. Cette propagatio­n a ensuite transformé des quartiers de la ville en points chauds, comme Montréal-Nord.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Un reconfinem­ent à grande échelle est « très peu probable », a avancé le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique, vendredi, en conférence de presse.

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