Le Devoir

Un week-end critique

Christian Dubé appelle à la prudence après avoir étendu la zone rouge à toute la vallée du Saint-Laurent et annoncé de nouveaux points de contrôle routier

- ISABELLE PORTER GUILLAUME LEPAGE

À l’approche du long congé de l’Action de grâce, le gouverneme­nt presse la population de limiter ses contacts et place en alerte maximale des sections de la Mauricie, du Centre-du-Québec et de la région de Portneuf.

« Les gestes qu’on va poser ce week-end vont faire une grosse différence », a lancé jeudi le ministre de la Santé, Christian Dubé, invitant les gens à rester sur leurs gardes.

D’ici quelques jours, les MRC de

Bécancour, Nicolet-Yamaska et Drummond, la ville de Trois-Rivières et la région de Portneuf se trouveront, elles aussi, en zone rouge. Dans les bars et les restaurant­s de ces territoire­s, les exigences propres à ce palier d’alerte seront en vigueur à partir de samedi à minuit, alors que les écoles auront jusqu’à mercredi à la même heure pour s’y conformer.

« En fin de compte, c’est toute la vallée du Saint-Laurent qui tourne au rouge », a résumé le ministre.

La situation dans ces nouvelles zones rouges n’est pas « plus grave qu’à Montréal », a souligné le directeur de la santé publique, Horacio Arruda. Leur proximité avec des territoire­s en zone rouge a notamment pesé dans la balance.

De nouveaux points de contrôle s’ajoutent aussi sur les routes à l’entrée du Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le secteur de La Tuque. « Ce qu’on veut, c’est éviter que la population fasse des déplacemen­ts non essentiels », a dit le ministre Dubé, précisant qu’il n’y avait là « rien de coercitif » et « que les policiers sont là pour rappeler les consignes ».

« Ce qu’on veut, c’est éviter que la population fasse des déplacemen­ts non essentiels », a dit le ministre Dubé, précisant qu’il n’y avait là « rien de coercitif » et « que les policiers sont là pour rappeler les consignes ». Ceux qui souhaitent se rendre dans un chalet et passer d’une zone rouge à une zone orange n’ont « pas le droit de faire là-bas » ce qu’ils ne peuvent pas faire chez eux, a également mentionné l’élu caquiste. Pas question, par exemple, pour une personne originaire d’une zone rouge de visiter un restaurant en zone orange. Jeudi, on recensait 1078 nouveaux cas d’infection au Québec et deux nouveaux décès. Les hospitalis­ations étaient en hausse de 16, à 425, dont 68 étaient aux soins intensifs, 6 de plus que la veille..

Annonce prévisible ?

Le basculemen­t de Trois-Rivières en zone rouge n’a pas surpris son maire, Jean Lamarche, conscient de la transmissi­on communauta­ire « soutenue » dans sa région. Le nombre de cas de COVID-19 par 100 000 habitants est passé de 2,8 en septembre à près de 13 ce mois-ci, dit-il, avec des éclosions touchant écoles, entreprise­s et restaurant­s.

« Chaque citoyen doit prendre cons

cience qu’il peut faire la différence », répète M. Lamarche, saluant le resserreme­nt des règles à l’approche du long congé. Il appelle les citoyens à faire leur part, en restant chez eux et en achetant local. « La zone rouge, c’est le dernier palier d’alerte. Il faut vraiment prendre les moyens pour revenir en arrière. »

« Les gens sont fatigués et c’est ça qui m’inquiète. Je sens que la population a moins envie de mettre l’épaule à la roue », réagit de son côté la mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois. Bien que voir sa ville peinte en rouge ne soit pas une surprise, elle ne cache pas sa déception de devoir de nouveau serrer la vis aux écoliers et aux restaurate­urs, notamment. Elle espère que l’annonce de jeudi aura l’effet d’un électrocho­c auprès des citoyens.

DrEn conférence de presse jeudi, le

Arruda, a dit trouver la deuxième vague plus difficile à vivre que la première, en raison notamment de la place de la pandémie dans « l’arène politique ». « Au début, c’était facile [de] confiner tout le monde, les gens écoutaient. Là, on fait un choix, on pénalise l’un, on pénalise l’autre. Il y a des complotist­es. J’ai des menaces de mort. Je reçois des courriels injurieux tous les jours », a-t-il confié.

S’il a « décidé de continuer dans ce mandat-là », il n’hésitera pas à partir si lui et le gouverneme­nt ont des divergence­s. « Le jour où ils feront de la « bullshit » — excusez-moi d’utiliser ces termes-là monsieur le ministre — […] bien, le directeur Arruda, il ne sera pas là parce qu’[il] n’a pas une crédibilit­é à perdre. »

Le jeu des comparaiso­ns

Confronté à la situation critique du Québec, le premier ministre, François Legault, a de nouveau choisi jeudi de comparer son bilan à celui des grandes villes américaine­s, qui vivent soit la même situation que la province ou une situation bien pire. « Aujourd’hui, on a 16 hospitalis­ations de plus ; le Massachuse­tts qui est plus petit que nous autres, 6,9 millions d’habitants, a 32 hospitalis­ations de plus. »

En choisissan­t de comparer le Québec aux villes américaine­s, et non à Vancouver ou à Toronto, le premier ministre sait qu’il fait du « cherry-picking » et choisit des chiffres qui l’avantagent estime le chef intérimaiA­rseneau

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PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE

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