Anglade dénonce l’entêtement du premier ministre
La volonté de certains élus caquistes de reconnaître le racisme systémique visant les personnes autochtones est « un pas dans la bonne direction », mais il témoigne de « l’entêtement » et du « déni » du premier ministre, François Legault, jugent les partis d’opposition.
Le Devoir révélait jeudi que des voix s’élèvent au sein de la Coalition avenir Québec pour reconnaître la présence de racisme systémique à l’égard des Autochtones. De par son « historique », la relation entre les Autochtones et l’État est différente de celle des membres d’autres minorités ethnoculturelles — notamment les personnes noires —, font valoir certains élus caquistes.
Pour cela, le Groupe d’action contre le racisme mis sur pied par le gouvernement envisage de reconnaître le racisme systémique envers les Autochtones dans son rapport final, non sans obtenir l’appui du premier ministre au préalable.
Selon la cheffe de l’opposition officielle, cette volonté n’est pas suffisante. « Je pense que M. Legault fait preuve d’entêtement, il fait preuve de déni. Puis honnêtement, on est presque rendu à dire, en bon Québécois, qu’il est “boqué” sur cette questionlà », a déclaré Dominique Anglade jeudi. « C’est comme si vous me disiez : Il y a un problème en particulier. Je reconnais celui-là, mais je refuse de reconnaître l’autre. Je pense qu’il faut reconnaître l’entièreté de la problématique », a-t-elle ajouté.
L’élu solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a quant à lui vu qualifier la volonté du gouvernement de « pas dans la bonne direction ». « Au moins, il y a maintenant une reconnaissance que le racisme au Québec, ce n’est pas juste un problème qu’il faut mettre sur les épaules de quelques individus », a-t-il affirmé.
La reconnaissance du racisme systémique envers les Autochtones uniquement le met cependant mal à l’aise. « Si M. Legault veut disséquer le problème et dire : “Je le reconnais un petit peu pour ces gens-là, un petit peu moins pour ces gens-là”, c’est son choix. Moi, je trouve que tout ça nous empêche d’avancer, tout ça nous empêche de nous concentrer sur l’action, sur les solutions », a-t-il dit.
Quant au chef du Parti québécois, il a rappelé sa position sur la question. « Il y a du racisme au Québec. Il y a des racistes au Québec. Pire, il y a des gestes racistes au Québec et on doit combattre le racisme. Ceci étant dit, je n’adhère pas, et ma formation politique, à la définition du racisme systémique », a lancé Pascal Bérubé.
Il s’est ensuite livré à une enfilade de questions lorsque les journalistes lui ont fait remarquer que trois élus de son caucus — Véronique Hivon, Joël
et Sylvain Gaudreault — reconnaissent la présence de racisme systémique au Québec.
« Qu’est-ce qu’elle a dit ? Pouvezvous me citer ce qu’elle a dit ? » a-t-il demandé au sujet de Mme Hivon. Mardi soir, la députée de Joliette a déclaré au Devoir : « Je le reconnais », au sujet du racisme systémique.
« Elle a prononcé ces mots-là ? » a poursuivi M. Bérubé. « [Je suis] prudent, je ne l’ai pas entendu dire ça », a-t-il ajouté.