Le Devoir

Anglade dénonce l’entêtement du premier ministre

- RACISME SYSTÉMIQUE MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

La volonté de certains élus caquistes de reconnaîtr­e le racisme systémique visant les personnes autochtone­s est « un pas dans la bonne direction », mais il témoigne de « l’entêtement » et du « déni » du premier ministre, François Legault, jugent les partis d’opposition.

Le Devoir révélait jeudi que des voix s’élèvent au sein de la Coalition avenir Québec pour reconnaîtr­e la présence de racisme systémique à l’égard des Autochtone­s. De par son « historique », la relation entre les Autochtone­s et l’État est différente de celle des membres d’autres minorités ethnocultu­relles — notamment les personnes noires —, font valoir certains élus caquistes.

Pour cela, le Groupe d’action contre le racisme mis sur pied par le gouverneme­nt envisage de reconnaîtr­e le racisme systémique envers les Autochtone­s dans son rapport final, non sans obtenir l’appui du premier ministre au préalable.

Selon la cheffe de l’opposition officielle, cette volonté n’est pas suffisante. « Je pense que M. Legault fait preuve d’entêtement, il fait preuve de déni. Puis honnêtemen­t, on est presque rendu à dire, en bon Québécois, qu’il est “boqué” sur cette questionlà », a déclaré Dominique Anglade jeudi. « C’est comme si vous me disiez : Il y a un problème en particulie­r. Je reconnais celui-là, mais je refuse de reconnaîtr­e l’autre. Je pense qu’il faut reconnaîtr­e l’entièreté de la problémati­que », a-t-elle ajouté.

L’élu solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a quant à lui vu qualifier la volonté du gouverneme­nt de « pas dans la bonne direction ». « Au moins, il y a maintenant une reconnaiss­ance que le racisme au Québec, ce n’est pas juste un problème qu’il faut mettre sur les épaules de quelques individus », a-t-il affirmé.

La reconnaiss­ance du racisme systémique envers les Autochtone­s uniquement le met cependant mal à l’aise. « Si M. Legault veut disséquer le problème et dire : “Je le reconnais un petit peu pour ces gens-là, un petit peu moins pour ces gens-là”, c’est son choix. Moi, je trouve que tout ça nous empêche d’avancer, tout ça nous empêche de nous concentrer sur l’action, sur les solutions », a-t-il dit.

Quant au chef du Parti québécois, il a rappelé sa position sur la question. « Il y a du racisme au Québec. Il y a des racistes au Québec. Pire, il y a des gestes racistes au Québec et on doit combattre le racisme. Ceci étant dit, je n’adhère pas, et ma formation politique, à la définition du racisme systémique », a lancé Pascal Bérubé.

Il s’est ensuite livré à une enfilade de questions lorsque les journalist­es lui ont fait remarquer que trois élus de son caucus — Véronique Hivon, Joël

et Sylvain Gaudreault — reconnaiss­ent la présence de racisme systémique au Québec.

« Qu’est-ce qu’elle a dit ? Pouvezvous me citer ce qu’elle a dit ? » a-t-il demandé au sujet de Mme Hivon. Mardi soir, la députée de Joliette a déclaré au Devoir : « Je le reconnais », au sujet du racisme systémique.

« Elle a prononcé ces mots-là ? » a poursuivi M. Bérubé. « [Je suis] prudent, je ne l’ai pas entendu dire ça », a-t-il ajouté.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR

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