Des activités de groupe maintenues dans les résidences pour aînés en zone rouge
Les personnes âgées qui vivent dans les résidences privées pour aînés (RPA) peuvent continuer à participer à des activités de groupe, même en zone rouge. Les séances de danse en ligne ou de zumba sont permises, à condition qu’elles soient effectuées en « bulle », un groupe à la fois, a appris Le Devoir.
C’est ce qu’indique un tableau du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), intitulé « COVID-19 : gradation des mesures dans les milieux de vie en fonction des paliers d’alerte » et mis à jour le 2 octobre.
Les services privés offerts dans les murs des RPA, comme les salons de coiffure et les dépanneurs, sont aussi autorisés en zone rouge. Ils étaient interdits sous les précédentes directives, datées du 24 septembre.
Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) dit avoir eu « des discussions » avec le MSSS afin qu’il allège certaines règles. « Actuellement, les aînés ont le droit de sortir [dans la communauté], dit son président-directeur général, Yves Desjardins. Est-ce mieux qu’ils se rendent à l’épicerie pour acheter du pain ou qu’ils fassent des courses au dépanneur de la résidence ? »
Yves Desjardins fait valoir que les RPA sont un environnement contrôlé, où des mesures sanitaires sont en place.
Le RQRA a aussi demandé au MSSS d’accepter en zone rouge les visites de personnes souhaitant louer une chambre ou un appartement dans une résidence pour aînés. D’abord interdites (sauf en cas d’urgence), elles sont maintenant « non recommandées », selon la dernière version du tableau du MSSS. La formule virtuelle doit être privilégiée, précise-t-on. « Il n’y a pas 20 visites par jour, affirme Yves Desjardins. Et on désinfecte. »
Québec solidaire sonne l’alarme
Devant la hausse des cas de COVID-19 chez les personnes âgées, le parti Québec solidaire revendique des « mesures fortes dès maintenant » pour protéger les résidences privées pour aînés. Lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale, son leader parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a souligné que le transfert du personnel entre CHSLD « a tué des milliers d’aînés au Québec ». « Il faut absolument un plan pour éviter une tragédie à la Herron dans les résidences privées pour aînés », a-t-il ajouté.
La veille, la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène
Drouin, s’est inquiétée de l’augmentation des cas de COVID-19 chez les 65 ans et plus. Le nombre d’infections chez les aînés a doublé depuis deux semaines dans la métropole.
C’est ce qui a poussé Gabriel NadeauDubois à déposer jeudi à l’Assemblée nationale une motion demandant au gouvernement « de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les aînés vivant en RPA, notamment en limitant au maximum le déplacement de personnel entre ces résidences tout en s’assurant d’éviter les bris de services ». Les partis l’ont adoptée à l’unanimité.
Yves Desjardins admet qu’en raison de la pénurie actuelle de main-d’oeuvre, « beaucoup de ses membres dans les milieux urbains » ont recours à des agences privées de placement. « Ils ne font pas affaire avec une agence pour le plaisir, dit-il. Ça coûte une fortune. Quand on est sur le point d’être en bris de service, on prend le moindre mal. »
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, estime que les règles de mobilité ne peuvent être les mêmes dans les RPA et les CHSLD. « Presque 90 % des résidents dans les RPA sont autonomes, a-t-il dit en point de presse jeudi. C’est un environnement complètement différent de celui des CHSLD. » Selon lui, le principal enjeu demeure la formation et la préparation du personnel pour faire face à une éclosion.
Des mesures déjà en place
Diverses mesures ont été instaurées pour éviter que la COVID-19 ne s’infiltre et ne se propage dans les milieux de vie pour aînés. Les résidents des RPA sont notamment tenus de porter un couvre-visage lorsqu’ils se déplacent hors de leur unité locative. En zone rouge, seules les visites de proches aidants sont autorisées.
Le réseau FADOQ estime que l’approche du gouvernement est « équilibrée ». « Ç’a été excessivement difficile lors du premier confinement, rappelle sa présidente, Gisèle TasséGoodman. Les aînés ont été cloîtrés. »
Les consignes actuelles respectent davantage « l’autonomie et la capacité décisionnelle » des aînés, estime Caroline Sauriol, directrice générale des Petits Frères, un organisme qui leur vient en aide.
Elle s’inquiète néanmoins de l’effet du confinement partiel sur la santé mentale des personnes âgées. « Au printemps, les gens allaient chanter sous les balcons, dit-elle. On n’entend pas trop ça maintenant. La première vague a laissé beaucoup de fatigue mentale dans la population. »