Le fax et la COVID
Chaque jour, je vois le nombre de cas de COVID-19 monter de façon inexorable au Québec, rien ne semble pouvoir arrêter le virus. Le premier ministre Legault a beau se démener, changer de ministre, il a entre les mains un réseau vétuste qui, à l’image de celui de l’éducation où les écoles nous tombent littéralement sur la tête, a été négligé trop longtemps. Il faut avoir eu à faxer une consultation de 15 pages à un numéro longue distance pour vraiment comprendre à quel point on est en retard sur les autres pays occidentaux. J’en suis désolé, mais on est toujours au XXe siècle au Québec, pas au XXIe… C’est quand même une consultation en oncologie que l’on envoie par télécopieur, c’est souvent une question de vie ou de mort pour notre patient, mais voyez-vous il se peut qu’il n’y ait plus de papier de l’autre côté et alors tout ça se perd avec des conséquences parfois terribles.
Un collègue israélien en stage dans un hôpital montréalais me confiait qu’il n’avait jamais utilisé de crayon de toute sa formation médicale et que tout était informatisé là-bas. Il n’en revenait pas de devoir écrire les prescriptions et des notes manuscrites dans un dossier papier. Au Québec, on a laissé traîner les choses et les ministres de la Santé qui se sont succédé les 20 dernières années et qui auraient pu régler ce problème se sont plutôt lancés dans des réformes de structure qui ont complexifié à l’extrême et rendu ingérable le système.
Il faut savoir que les gens de la Santé publique travaillent avec un fax comme presque tout le monde dans le réseau ; il y a malheureusement des limites à ce que l’on peut faire avec du papier et un crayon… Nous sommes confrontés collectivement aux conséquences de toutes ses années d’immobilisme ou la seule et unique chose qui a augmenté dans le réseau de la santé, c’est le salaire des médecins. Le reste a au mieux stagné, au pire diminué avec des besoins qui ne cessent d’augmenter et des soins de plus en plus complexes.
En attendant la fin de la pandémie, je ne peux que souhaiter bonne chance à M. Legault et en particulier au ministre Éric Caire, qui a l’énorme responsabilité de l’informatisation du réseau. Je trouve d’ailleurs ce dernier bien discret vu l’ampleur et l’urgence de la tâche à accomplir. Ludovic Aubin, infirmier
Montréal, le 5 octobre 2020