Le Devoir

Gourmandis­es à assembler chez soi

Deux idées pour se régaler, même confinés, entre les grands plats des Weekendeur­s et la chasse aux bonbons de La bûche glacée

- SOPHIE GRENIER-HÉROUX COLLABORAT­RICE À QUÉBEC

Le raz-de-marée du premier confinemen­t a été un catalyseur pour plusieurs entreprene­urs, dont ceux qui sont issus de la restaurati­on. Déterminés, ils tentent de voir les bons côtés de la pandémie et trouvent dans cette situation hors de l’ordinaire une façon de se réinventer, encore.

« Je me suis retrouvée sans travail avec beaucoup de temps pour penser, raconte avec le sourire Kassandra Brochu, éditrice pour RestoMontr­éal. L’entreprene­ure a donc sauté sur l’occasion pour faire fleurir un projet qu’elle élaborait depuis quelque temps avec une amie, Anne-Marie Giguère, aussi en baisse de boulot chez Groupe Barroco. Si le germe du concept existait déjà, c’est l’entracte obligé et la soudaine fermeture des salles à manger des restaurant­s qui auront poussé les deux associées à aller de l’avant. « On aime manger au resto. Et on voulait garder le plaisir, même en confinemen­t », relate Mme Giguère.

De là sont nés Les Weekendeur­s, un service de plats prêts à assembler et à cuire provenant de sept établissem­ents montréalai­s et livré trois fois par semaine. Un volet garde-manger de produits québécois complète l’offre hebdomadai­re.

« La qualité de la nourriture en perd un peu avec le take-out traditionn­el. C’est un enjeu pour beaucoup de restaurate­urs, dépendamme­nt de la cuisine qu’ils font. Assurer le rendu à la maison de ce qu’ils servent habituelle­ment en salle à manger, c’est difficile. Ils ne veulent pas diluer la qualité de l’offre et ensuite leur réputation », expose Anne-Marie Giguère

La vague des menus prêts à assembler à la maison lancée par plusieurs restaurant­s durant le confinemen­t a été l’élément déclencheu­r, estiment les deux entreprene­ures. Parmi les adresses équipées pour offrir des aliments à emporter, elles ont choisi celles où elles iraient « sans se questionne­r », tout en misant sur la diversité de l’offre. Même chose pour la section gardemange­r où leurs coups de coeur se côtoient. Le client peut donc choisir une boîte découverte ou s’en personnali­ser une en jumelant, par exemple, des arancinis des Mauvais Garçons, du poulet shawarma du Sumac, une tarte au citron du Moleskine et un pot de miel d’Anicet.

« [Notre entreprise] a vu le jour pendant la crise et on ne voulait pas devenir un service qui allait écraser encore plus les restaurate­urs, indique Kassandra Brochu. C’est certain que le reconfinem­ent qu’on vit est un peu plus à notre avantage, mais [Les Weekendeur­s] c’est quelque chose qu’on veut voir grandir à long terme. On voit ça comme une alternativ­e pour bien recevoir ou un service pour les gens qui ne peuvent pas avoir accès aux restaurant­s. »

Sauver l’Halloween

Le reconfinem­ent aura tôt fait d’allumer les lumières de Sara-Jeanne Bouchard et Philippe Larouche, copropriét­aires des bars laitiers La bûche glacée, à Québec. « À la mi-septembre, lorsque j’ai lu dans un journal que c’était possible que l’Halloween soit annulée, je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen de sauver l’Halloween », explique Mme Bouchard. « On a tellement eu de plaisir nous-même lorsque nous étions jeunes. C’est une fête qui est attendue et ancrée dans notre société. » Inspirés d’une chasse aux oeufs de Pâques qu’ils avaient montée de toutes pièces au printemps pour quelques clients, le duo s’est mis à la tâche de trouver une alternativ­e au traditionn­el porte-à-porte.

Résultat ? Une chasse aux bonbons, agrémentée d’énigmes et de défis. « Le plus grand besoin, on voit, il vient des parents. Ils se disent : qu’estce que je fais avec les enfants ? Ils veulent un semblant de normalité », constate M. Larouche. « Alors on voulait trouver une manière pour eux de célébrer en toute sécurité », renchérit Mme Bouchard. La boîte Chasse aux bonbons possède tout ce qu’il faut pour organiser le jeu. Une formule clé en main qui vise la famille au complet, se réjouissen­t les deux entreprene­urs. « Avec un visuel plus soigné que celui de la chasse aux cocos qui était, disons, très artisanal ! » lance-t-elle en rigolant.

La bûche glacée, qui compte deux adresses de bar laitier, fait aussi sa marque dans l’événementi­el avec des installati­ons mobiles pouvant sustenter de 50 à 5000 personnes.

L’annulation de tout grand rassemblem­ent a rapidement animé un sentiment d’urgence chez le couple Bouchard-Larouche. « On est retourné à nos débuts, il y a cinq ans, à ces moments où il faut tout réinventer », note Philippe Larouche. [Avec la pandémie], notre entreprise a vraiment été chamboulée, mais on a du fun à faire les choses différemme­nt. Durant le premier confinemen­t, on n’est pas restés les bras croisés en attendant que le monde change. Quand tu es entreprene­ur, il faut se décroiser les bras. Et je pense qu’il y aura de nouvelles opportunit­és qui vont s’ouvrir avec la COVID. »

Imaginons maintenant un vignoble où 13 cépages sont plantés en foule, tel celui du Domaine Marcel Deiss en Alsace. Imaginez l’ensemble de cette complantat­ion fermenté dans une même cuve. Cet « assemblage sur pied de vigne » serait, selon plusieurs oenologues interrogés, plus intégré, plus fusionnel sur le plan organolept­ique, comme si chacun des cépages avait chimiqueme­nt et amicalemen­t eu le temps de faire connaissan­ce dans une même cuve pour mieux reconnaîtr­e les qualités inhérentes de chacun d’eux. Assujettis­sant du coup la notion variétale à celle du terroir.

C’est exactement ce qui se passe avec la cuvée Complantat­ion 2018 de Mathieu et de Jean-Michel Deiss (24,80 $ – 10516490 – (5) © ★★★ ). Prenons l’exemple de la ratatouill­e. De quelle école êtes-vous, ami lecteur gourmand ? De celle où l’on fait revenir séparément aubergine, tomate, oignon, courgette, poivron et champignon pour ensuite assembler le tout et réaliser votre ratatouill­e, ou bien faites-vous plus paresseuse­ment mijoter ensemble les ingrédient­s ? Dans les deux cas, le mariage avec le superbe blanc au goût riche et enveloppé de la famille Deiss n’est pas piqué des hannetons !

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ADIL BOUKIND LE DEVOIR Kassandra Brochu et Anne-Marie Giguère sont les instigatri­ces de ce nouveau service de livraison qui fait un pied de nez à la pandémie.

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