Le Devoir

Une nouvelle campagne de manipulati­on pro-Trump démantelée sur Facebook

- JULIE JAMMOT À SAN FRANCISCO AGENCE FRANCE-PRESSE

Comptes à demi masqués et commentair­es en apparence sincères : la dernière campagne pro-Trump de manipulati­on des électeurs américains démantelée par Facebook était orchestrée par un cabinet de marketing, désormais banni de la plateforme, à 26 jours d’une présidenti­elle sous haute tension.

L’opération consistait principale­ment à publier des commentair­es sur différents sujets — notamment pour critiquer Joe Biden, le candidat démocrate, et à faire l’apologie de Donald Trump — afin de « donner l’impression d’un large soutien pour leurs opinions », a expliqué le groupe californie­n dans un communiqué jeudi.

Il a retiré plus de 300 comptes et pages, actifs sur Facebook et Instagram. À l’oeuvre, le cabinet Rally Forge, une société de marketing américaine qui travaille pour Turning Point USA, une organisati­on qui vise à mobiliser les étudiants autour de Donald Trump, notamment dans les États où l’élection est particuliè­rement serrée.

« Tellement ras-le-bol des démocrates qui font passer les républicai­ns pour des méchants ! » s’exclame par exemple une des agentes de Rally Forge sous un article d’une ONG de l’État du Wisconsin accusant le Parti républicai­n de changer les modalités du scrutin à son avantage.

Le géant des réseaux sociaux a établi un lien entre ces comptes et commentair­es et le cabinet de marketing, « bien que les personnes de cette opération aient tenté de dissimuler leurs identités et la coordinati­on entre eux ».

Opinion ou imposture ?

Facebook multiplie depuis des mois les efforts pour ne pas répéter le traumatism­e de 2016, quand son réseau avait été utilisé pour des opérations massives de manipulati­on des électeurs, menées depuis la Russie, lors des scrutins présidenti­els aux États-Unis et sur le Brexit au Royaume-Uni.

La plateforme a démantelé depuis de nombreuses campagnes. Entre mars et septembre, cette année, elle a retiré 30 réseaux actifs dans le monde, dont une partie ciblait les États-Unis. Certains étaient pilotés depuis l’étranger.

Mais elles sont plus difficiles à repérer quand les auteurs publient simplement leurs opinions sous des articles de presse ou des annonces d’ONG. Cela « pose des questions plus vastes sur la frontière entre la promotion d’idées politiques, acceptable, et l’imposture », a remarqué Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la sécurité de Facebook. Il a de nouveau appelé les élus à intervenir et à écrire de nouvelles lois sur la modération des contenus, afin de « clarifier les lignes et d’imposer des mesures de dissuasion plus fortes ».

La campagne de Rally Forge, d’abord détectée par le quotidien américain Washington Post, consistait en 200 comptes et 55 pages sur Facebook, ainsi que 76 comptes Instagram, tous retirés par la plateforme. Quelque 373 000 personnes étaient abonnées à au moins l’une de ces pages et environ 22 000 comptes Instagram suivaient au moins l’un des comptes impliqués sur la plateforme de photos.

L’opération lancée en 2018, puis dormante, a été réactivée en juin, avec des « identités légèrement voilées » de personnes qui utilisaien­t leur propre nom, à peine modifiés. D’après le Washington Post, Rally Forge a mobilisé des adolescent­s pour coordonner les publicatio­ns et commentair­es sur les différente­s plateforme­s.

D’après le Washington Post, Rally Forge a mobilisé des adolescent­s pour coordonner les publicatio­ns et commentair­es sur les différente­s plateforme­s

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