Cinq phares dans la grisaille ambiante
Les cinq finalistes pour le 18e Prix littéraire des collégiens ont été dévoilés vendredi. Des oeuvres signées JeanPierre Gorkynian, Mélissa Grégoire, Paul Kawczak, Sophie Létourneau et Pierre Samson. Pour des raisons sanitaires, l’événement s’est déroulé en distanciel. Les auteurs et autrices avaient enregistré un message à l’attention des élèves du collégial afin d’exprimer leur bonheur, et l’honneur qui leur était faite d’avoir été sélectionnés.
« Tireur embusqué (Mémoire d’encrier) raconte l’histoire d’une amitié entre deux adolescents d’origines différentes. L’un est un rescapé de la guerre civile syrienne ; l’autre est un jeune de Montréal-Nord. J’ai écrit cette histoire-là parce que je suis moimême un enfant de la guerre. […] J’ai hâte de faire découvrir mon livre aux étudiants du collégial, surtout pour leur faire découvrir […] le Montréal où j’ai grandi, un Montréal cosmopolite, frette, rough, où la violence peut surgir de n’importe où, même de là où on s’y attend le moins », a confié Jean-Pierre Gorkynian.
Établissant un lien entre le Prix littéraire des collégiens et la narratrice de son roman, dont le but est de faire aimer la littérature aux élèves de niveau collégial, Mélissa Grégoire a ainsi résumé Une joie sans remède (Leméac) : « Quand on lit ou qu’on écrit un roman, il se passe un peu ce qui nous arrive quand on est malade ou confiné ; on est obligé de se retirer du monde, de se ralentir pour penser, rêver, imaginer. Et c’est ce que fait Marie, qui est en congé de maladie et qui essaie de comprendre ce qui lui arrive. »
« Pour écrire ce livre-là, j’ai puisé dans beaucoup dans mes rêveries, beaucoup de choses que j’ai glanées dans l’enfance. […] Bien sûr, on ne peut pas rester jeune toute sa vie, mais disons que statistiquement, les collégiens et les collégiennes ont plus d’imagination, de rêveries, de souplesse que la plupart des adultes, alors je serai ravi d’être lu par ce lectorat », a dit Paul Kawczak, auteur de Ténèbre (La Peuplade), roman d’aventures où un géomètre belge est mandaté par le roi Léopold II pour démanteler l’Afrique.
Visiblement émue, Sophie Létourneau, autrice de Chasse à l’homme (La Peuplade), où elle raconte ses péripéties amoureuses sous forme de déclaration d’amour à la littérature, s’est dite heureuse que son livre tombe entre les mains des jeunes lecteurs à un moment charnière de leur vie. « Au cégep, on est dans une quête de sens, une quête d’un choc esthétique, on veut être déplacé, troublé par les livres qu’on lit. C’est l’âge où on fait la découverte de Rimbaud, de Ducharme, d’oeuvres intenses qui vont nous donner un aperçu de ce qui est absolu. »
« C’est un projet littéraire […] qui tente de tirer un lien entre les problèmes d’aujourd’hui et de les relier à ce qui s’est passé en 1933. Ce que je voulais faire, ce n’était pas de faire un écho parce que ça voudrait dire qu’il y a du vide entre nous deux, mais de retracer les racines de ces maux qui nous affligent aujourd’hui. Peut-être qu’en les trouvant, ces racines-là, on pourra les arracher », a souhaité Pierre Samson, auteur d’une fresque dépeignant le Montréal multiculturel de la Grande Dépression, Le mammouth (Héliotrope).
Présidé par Manon Dumais, responsable des contenus littéraires au Devoir, le jury de sélection était composé du critique au Devoir Christian Desmeules, du professeur titulaire au Département d’études françaises de l’Université du Nouveau-Brunswick (Fredericton), essayiste et critique à la revue Nuit blanche Patrick Bergeron, de la postdoctorante du CRILCQ et autrice Clara Dupuis-Morency et de la responsable des pages culturelles au Devoir Louise-Maude Rioux Soucy.
Doté d’une bourse de 5000 $, le Prix vise à promouvoir la littérature actuelle auprès des collégiens en encourageant l’exercice du jugement critique. Il sera décerné le 9 avril 2021 par un grand jury formé d’élèves des collèges et des cégeps.
Des oeuvres signées Jean-Pierre Gorkynian, Mélissa Grégoire, Paul Kawczak, Sophie Létourneau et Pierre Samson sont finalistes au 18e Prix littéraire des collégiens