Coinbase flambe à son entrée au Nasdaq
Elle obtient la plus grosse valorisation jamais accordée à une entreprise américaine entrant en Bourse
Coinbase n’a pas manqué ses grands débuts à Wall Street : pour sa toute première cotation au Nasdaq, l’action de cette plateforme américaine d’échanges de cryptomonnaies a culminé à près de 430 $US pour terminer la séance à 328,28 $US, en hausse de 31 %.
C’est bien plus que le prix de référence de 250 $US, communiqué mardi soir à titre indicatif et cela porte la capitalisation de Coinbase à près de 86 milliards de dollars. En se basant sur le premier prix de cotation et en prenant en compte tous les titres en circulation, les options sur actions et les actions assujetties à des restrictions, la capitalisation de l’entreprise s’approche des 100 milliards.
Cela en fait la plus grosse valorisation jamais accordée à une entreprise américaine entrant en Bourse. Le précédent record était détenu par Facebook, dont la valeur boursière s’était élevée à un peu plus de 81 milliards en 2012 lors de sa cotation initiale. Pour son entrée à Wall Street, Coinbase a eu recours non pas à la traditionnelle IPO, mais à une cotation directe. Ce processus permet à ceux qui sont déjà actionnaires de valoriser leur mise, mais l’entreprise ne lève pas d’argent frais pour l’instant.
Fondée en 2012 à San Francisco par Brian Armstrong, 38 ans, ancien ingénieur chez AirBnb, et Fred Ehrsam, ex-négociateur de Goldman Sachs, Coinbase permet d’acheter et de vendre une cinquantaine de cryptomonnaies, dont le bitcoin et l’ether.
M. Armstrong, qui détient 20 % des parts de la plateforme et occupe le poste de PDG, pourrait intégrer la liste des 100 hommes les plus riches du monde établie par Forbes, selon le Wall Street Journal. En amont de l’arrivée de Coinbase, le bitcoin n’a cessé d’enfler ces derniers jours, culminant mercredi à un sommet à près de 65 000 $US.
Méfiance des régulateurs
« Une introduction réussie au Nasdaq [de Coinbase] devrait agir comme une reconnaissance des cryptomonnaies par les investisseurs traditionnels », avait estimé Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swiss Quote, et le bitcoin reflète cette « étape importante » atteinte par les cryptomonnaies, selon elle.
Si Coinbase a profité de la flambée de la reine des cryptomonnaies et d’autres devises virtuelles allant de l’ether au litecoin, son champ d’activité attire aussi la méfiance des régulateurs qui s’inquiètent de l’utilisation des cryptomonnaies à des fins illicites.
M. Armstrong a reconnu mercredi sur la chaîne CNBC que la régulation était l’une des principales menaces pour l’activité des cryptomonnaies. « Maintenant que Coinbase est une compagnie cotée, nous allons être soumis à davantage de surveillance sur ce que nous faisons et les gens veulent comprendre les implications qui en découlent », a-t-il affirmé.
« Nous sommes ravis de respecter les règles. Tout ce qu’on demande, c’est d’être traité, a minima, de la même façon que les services financiers traditionnels et de ne pas être punis parce qu’on appartient à l’espace des cryptomonnaies », a-t-il ajouté.
Coinbase a récemment été épinglée par l’autorité américaine de régulation des marchés à terme et des produits dérivés (CFTC), qui l’accusait d’avoir fourni des informations « fausses, trompeuses ou inexactes » sur des cryptomonnaies et d’avoir manipulé le marché entre 2015 et 2018. Sans reconnaître ses torts, l’entreprise a payé une amende de 6,5 millions et s’est vue contrainte de repousser sa date d’entrée à Wall Street.
Le chiffre d’affaires de la plateforme a presque décuplé en l’espace d’un an, s’établissant à 1,8 milliard au premier trimestre, selon les estimations du groupe. Son profit se situe dans une fourchette comprise entre 730 millions et 800 millions de dollars.