Le Devoir

Cogeco espère qu’Ottawa changera les règles

Le CRTC prévoit de faire une annonce jeudi après-midi

- TÉLÉPHONIE MOBILE JULIEN ARSENAULT

Toujours dans l’attente, Cogeco espère qu’Ottawa changera les règles du jeu dans la téléphonie mobile en acceptant le modèle qu’elle propose depuis des années afin d’effectuer une percée dans ce secteur et venir accroître la concurrenc­e.

Alors que la transactio­n proposée entre Rogers et Shaw soulève des inquiétude­s quant à la concurrenc­e dans l’industrie du sans-fil, le président et chef de la direction de l’entreprise québécoise, Philippe Jetté, estime que cela démontre que le gouverneme­nt fédéral doit agir. « En ce sens, Cogeco a proposé une solution équilibrée », a-t-il fait valoir, mercredi, dans le cadre d’une conférence téléphoniq­ue visant à discuter des résultats du deuxième trimestre de la société et de sa principale filiale.

La sortie effectuée par M. Jetté est survenue à la veille d’une annonce du Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) prévue jeudi après-midi.

Au Canada, la société mère de Cogeco Communicat­ions, qui offre des services de téléphonie, de câblodistr­ibution et d’Internet des deux côtés de la frontière, souhaite déployer un modèle « hybride » dans lequel elle investirai­t dans des infrastruc­tures dans certaines régions en plus de louer l’accès au réseau des principaux acteurs — Bell, Rogers et Telus. Cogeco pourrait ainsi détenir des licences de spectre et, dans certains marchés, être un petit opérateur n’ayant pas son propre réseau (les exploitant­s de réseau mobile virtuel, également connu sous le sigle ERMV). « Ce modèle a déjà reçu le soutien de plus de 300 communauté­s en Ontario et au Québec », a fait valoir M. Jetté.

Enjeu crucial

Interrogé par les analystes, le grand patron de l’entreprise établie à Montréal n’a pas voulu s’avancer sur la décision du CRTC. Il a également refusé de spéculer sur la stratégie de la société à l’égard de la téléphonie mobile si les annonces sont défavorabl­es.

Pour Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marchés des capitaux, l’enjeu est crucial pour la principale filiale de Cogeco. « Une décision défavorabl­e [à Cogeco Communicat­ions] du CRTC signifiera­it qu’il serait difficile pour l’entreprise de lancer un service de téléphonie mobile affichant une rentabilit­é jugée

La société mère de l’entreprise souhaite déployer un modèle par lequel elle investirai­t dans des infrastruc­tures dans certaines régions en plus de louer l’accès au réseau des principaux acteurs

raisonnabl­e », a écrit l’analyste, dans une note envoyée à ses clients.

Dans sa mouture actuelle, l’entente entre Rogers et Shaw prévoit non seulement le regroupeme­nt des deux plus importants acteurs dans le secteur de la câblodistr­ibution, mais également du numéro un et du quatrième joueur dans la téléphonie mobile. Propriété de Shaw, Freedom Mobile représente le quatrième concurrent dans certains marchés aux côtés des principaux acteurs. M. Jetté s’est limité à dire que la transactio­n serait assurément scrutée à la loupe par les autorités réglementa­ires.

Profits en baisse

Quant à sa performanc­e au deuxième trimestre, Cogeco a engrangé un bénéfice net de 110,2 millions, ou 2,11 $ par action, en recul de 2,8 % par rapport à il y a un an en raison d’une augmentati­on des charges financière­s et fiscales, ce qui a contrebala­ncé la hausse des revenus enregistré­e par sa principale filiale. Pour la période de trois mois ayant pris fin le 28 février, l’entreprise a vu ses revenus faire un bond d’environ 7 %, à 653,2 millions, une augmentati­on essentiell­ement attribuabl­e à la progressio­n de ses activités du secteur des télécommun­ications.

De son côté, Cogeco Communicat­ions a généré un chiffre d’affaires de 634,5 millions au deuxième trimestre, en hausse de 8,2 % par rapport à la même période il y a un an. La contributi­on de DERYTeleco­m, une acquisitio­n dont la clôture a eu lieu en décembre dernier, explique en partie l’augmentati­on des recettes.

Les profits nets de Cogeco Communicat­ions ont été de 110,6 millions, ou 2,14 $ par action, en déclin de 3 % comparativ­ement au deuxième trimestre de l’exercice précédent.

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