Biodiversité : objectif 2030
Le Québec aura fort à faire pour atteindre les objectifs de protection de son territoire terrestre et maritime au cours de la prochaine décennie, après avoir respecté de justesse ses cibles pour 2020. Pour certains, le gouvernement doit d’abord mieux protéger le sud de la province, où les questions de biodiversité se heurtent aux projets de développement industriel.
Le gouvernement Legault a réussi à respecter l’engagement pris par le Québec, à savoir de protéger 17 % de ses milieux naturels terrestres avant la fin de 2020. Pour y parvenir, il a toutefois concentré ses efforts en territoire nordique, tout en choisissant de délaisser pas moins de 83 projets d’aires protégées dans la portion sud de la province. Ceux-ci totalisaient près de 20 000 km2 et ils sont tous situés sur le territoire le plus ciblé par le développement industriel : coupes forestières, titres miniers, potentiel hydroélectrique et permis d’exploration pétrolière et gazière.
Résultat : selon des données compilées par la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP Québec), seulement 10,8 % de cette portion du territoire est aujourd’hui protégée. Le ministre de l’Environnement Benoit Charette assure toutefois que les projets délaissés l’an dernier ne sont pas éliminés. Ils pourraient faire partie de l’équation pour l’atteinte d’un taux de protection du territoire québécois de 30 % à l’horizon 2030.
Directeur général de la SNAP Québec, Alain Branchaud, estime d’ailleurs que ces territoires doivent être priorisés par le ministre. Il invite le gouvernement à utiliser les nouveaux outils découlant de la mise à jour de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, adoptée en février 2021, afin d’accélérer la mise en place de mesures de protection.
Dans une réponse écrite, le cabinet du ministre Charette s’engage en ce sens. « Nous comptons ainsi protéger davantage de territoires au sud au cours des prochaines années », indique son bureau.
Le gouvernement Legault a aussi promis de protéger davantage l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Pour le moment, 10,4 % du territoire marin bénéficie d’une forme de protection. Au moment de désigner plusieurs territoires « aux fins d’aire protégée » dans l’estuaire, Québec a toutefois choisi d’interdire essentiellement des activités industrielles déjà interdites. C’est le cas de l’exploration pétrolière et gazière, qui est illégale depuis juin 2011.
Même si les secteurs maritimes ciblés doivent permettre de mieux préserver l’habitat du béluga, Québec n’a prévu aucune mesure pour limiter la croissance du trafic maritime, qui constitue une menace importante pour ces animaux.