Le Devoir

Encore remettre à plus tard la ventilatio­n dans les écoles

- Luc Papineau Enseignant, L’Assomption

Le ministre de l’Éducation, JeanFranço­is Roberge, a annoncé la semaine dernière qu’il remettait à la rentrée scolaire prochaine l’idée de tenir des tests plus stricts quant à la qualité de l’air dans nos écoles. Les enseignant­s mais surtout les parents et les jeunes devraient s’alarmer de cette décision et de son impact sur leur santé.

Pour qui connaît le monde scolaire, et le ministre y a passé 17 ans, nous répète-t-il à chaque conférence de presse, remettre cette opération à l’an prochain signifie perdre un précieux temps devant un ennemi malicieux. En effet, si on attend en septembre pour s’assurer de la qualité de la ventilatio­n dans nos écoles selon un protocole plus rigoureux, cela signifie, dans le meilleur des scénarios, que les mesures correctric­es ne seront pas apportées avant le mois d’octobre alors que les jeunes seront déjà en classe depuis plusieurs semaines. Pourquoi ne pas plutôt refaire ces tests le plus rapidement possible et apporter des correctifs nécessaire­s durant l’été, avant le retour des élèves ?

Au Québec, les écoles sont le deuxième lieu en matière d’éclosions. Bien des gens semblent l’oublier. Le premier ministre Legault a déjà indiqué que de maintenir les classes ouvertes était un risque qu’il était prêt à assumer. Ne devrait-il pas alors, selon un contrat moral implicite qu’il entretient avec les Québécois, s’assurer de tout faire pour que ce risque soit le moins élevé possible ? Si le gouverneme­nt ne fait pas sa juste part dans la lutte contre cette pandémie, comment peut-il demander aux citoyens de faire de même dans leur quotidien ?

M. Legault a beau taxer d’« obsédés » les gens qui s’intéressen­t à la qualité de l’air dans les écoles, il n’en demeure qu’en temps de pandémie où un virus se transmet principale­ment par aérosols, c’est son gouverneme­nt qui devrait être obsédé par la sécurité de nos écoles. On ne doit pas oublier non plus qu’une seule classe fermée se traduit généraleme­nt par une trentaine de familles qui doivent revoir toute leur organisati­on de vie et, dans les cas plus graves, affronter la maladie. Actuelleme­nt, 422 écoles et 9143 classes sont fermées au Québec.

En repoussant à septembre ce qu’il doit faire aujourd’hui, le ministre Roberge donne l’impression d’un élève débordé qui remet à plus tard le travail qui s’impose. Il est illusoire de penser que le mal qui nous afflige aura complèteme­nt disparu en septembre prochain. Les écoles seront encore et toujours des lieux propices à la contaminat­ion. Le gouverneme­nt Legault doit agir maintenant avec des protocoles plus stricts et des mesures plus efficaces si on veut éviter que cette pandémie perdure. Il en va du rôle et de la responsabi­lité de ce gouverneme­nt.

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