Une caricature loin de la réalité
Le 25 mai, lors du premier anniversaire de la mort tragique de George Floyd, Le Devoir a jugé approprié de publier une caricature de Godin sur laquelle un soldat apparemment israélien s’agenouille sur le cou d’un homme ressemblant à un Palestinien.
Une image vaut mille mots. Certes. Mais encore faut-il que l’image en question soit mise en contexte. Malheureusement, la caricature de Godin dénature le conflit opposant l’État d’Israël et l’organisation terroriste islamiste Hamas. Plutôt que d’utiliser sa plume pour essayer d’informer le public sur un sujet fort complexe, Godin a choisi de réduire le conflit israélo-palestinien à un meurtre. Les Palestiniens sont des victimes. Israël est leur meurtrier.
Cette caricature ne pourrait pas être plus loin de la réalité. Elle prétend résumer le conflit en une image, alors qu’elle ne fait que le simplifier à l’extrême, lui donnant ainsi mille mots, mais en en oubliant un très important, soit celui du principal responsable de la mort de Palestiniens au cours des dernières années à Gaza : Hamas.
Godin a-t-il oublié que pendant 11 jours seulement, le Hamas a tiré plus de 4300 roquettes sur des civils israéliens, juifs et musulmans, et qu’il utilise des civils palestiniens comme boucliers humains, commettant ainsi un double crime de guerre ? A-t-il oublié que ces roquettes ont toutes été tirées à partir de zones résidentielles densément peuplées et que des centaines d’entre elles sont retombées dans l’enclave même de Gaza, tuant des enfants ? A-t-il aussi oublié que, depuis déjà plusieurs années, le Hamas s’approprie de l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens afin de construire d’autres armes ?
Il serait peut-être bien de lui rappeler que le Hamas est autant l’ennemi d’Israël que celui des Palestiniens.
Le récent cessez-le-feu entre Israël et le Hamas offre une chance de calmer les ardeurs et d’ouvrir un dialogue. Il est temps de promouvoir la voix d’acteurs modérés, non pas celles de groupes djihadistes comme Hamas. Au moment même où les tensions sont encore palpables, malgré le cessez-lefeu, la prudence est de mise. Une caricature comme celle de Godin omet non seulement de condamner la violence du Hamas, mais elle envoie le message que le groupe terroriste peut continuer ses attaques indiscriminées, et qu’Israël sera dépeint en meurtrier, invitant ainsi encore plus de violence.
Malheureusement, cette violence n’est pas restreinte par quelconques frontières géographiques. Elle s’invite ici même, dans les rues de Montréal et ailleurs au Canada. Il y a à peine une semaine, Michael Levitt publiait une lettre d’opinion dans le Toronto Star, dans laquelle il arguait qu’une couverture médiatique unilatérale contribue à alimenter l’antisémitisme au Canada. Cet antisémitisme, nous en avons été témoins pendant des manifestations soi-disant pacifiques lors desquelles des roches ont été lancées sur des juifs, et une vitre de l’édifice où se trouve le consulat général d’Israël à Montréal a été fracassée. Il s’est également infiltré dans les réseaux sociaux ainsi que dans certains de nos quartiers comme à Côte-Saint-Luc, où des individus se sont lancés à la chasse aux juifs, scandant ouvertement des propos haineux aux passants.
Les médias ont un rôle important dans nos sociétés démocratiques. Ils ont une obligation d’informer, pas de désinformer. Ils ne peuvent pas prétendre être des observateurs neutres des événements qu’ils rapportent. Ce qu’ils choisissent d’écrire ou, dans ce cas-ci, de dessiner a une incidence sur ces mêmes événements. Une image vaut mille mots. Il faut toutefois savoir peser ses mots.