Une poète engagée dans le réel
Michèle Lalonde combattait par la plume et par la parole
Michèle Lalonde n’est plus. Sa voix s’était tue il y a plusieurs années. Mais son oeuvre a marqué l’imaginaire québécois par sa force d’évocation du réel. Elle avait le génie travaillé des mots pour parler des conditions de vie du peuple québécois. La fulgurance de sa pensée éveillait les consciences. La création n’était pas chose facile pour elle, elle trimait dur pour trouver le mot juste et l’image percutante qui font comprendre les rapports de force et de domination qui écrasent l’être humain.
J’ai dit génie travaillé parce que je l’ai accompagnée dans l’écriture de deux manifestes : Légitime défense : de Duplessis à Trudeau les intellectuels résistent et Cause commune pour une internationale des petites cultures. Elle soupesait chaque mot pour choisir celui qui était le plus porteur de sens. Rien de spontané, d’immédiat ou de gratuit dans sa création. Elle construisait mot après mot la représentation de la condition de l’exploité, du dominé, du soumis. Elle exprimait la colère d’un peuple pour l’inciter à prendre son destin en main. Elle n’avait pas peur du politique et ne le fuyait pas, elle voulait plutôt le « harnacher » et le faire servir à la libération des Québécois et des Québécoises. Elle combattait par la plume et la parole.
Elle était consciente de la dimension internationale du combat québécois et était reconnue en France et dans les pays africains pour son engagement dans la défense de la langue française. Elle a publié en France chez Seghers/ Laffont, en 1979, Défense et illustration de la langue québécoise. Elle a aussi défendu la cause des écrivains et écrivaines en assumant la présidence de l’UNEQ et de la Fédération internationale des écrivains de langue française. Dans les années 1970, elle fut une des rares femmes à monter sur une tribune pour dire ses poèmes et en faire des discours de combat. Elle a participé à de nombreux événements, comme la Nuit de la poésie et Chants et poèmes de la résistance. Elle était de la trempe des Miron, Aquin et autres qui avaient à coeur le destin collectif. Nous la regretterons, mais nous pouvons la lire et la relire.
Elle soupesait chaque mot pour choisir celui qui était le plus porteur de sens. Rien de spontané, d’immédiat ou de gratuit dans sa création. Elle construisait mot après mot la représentation de la condition de l’exploité, du dominé, du soumis. Elle exprimait la colère d’un peuple pour l’inciter à prendre son destin en main. Elle n’avait pas peur du politique et ne le fuyait pas, elle voulait plutôt le « harnacher » et le faire servir à la libération des Québécois et des Québécoises.