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Vers la fin des images sexualisée­s des athlètes ? |

Les diffuseurs olympiques souhaitent mettre fin aux images sexualisée­s des athlètes féminines

- GRAHAM DUNBAR À TOKYO ASSOCIATED PRESS

Alors que les Jeux olympiques souhaitent définir le plus haut niveau de normes télévisuel­les, le responsabl­e de la diffusion des Jeux de Tokyo espère bannir les images trop sexualisée­s des athlètes féminines.

« L’attrait du sport et non l’attrait du sexe » est un mantra que les responsabl­es olympiques gardent en tête dans un effort pour atteindre l’égalité hommesfemm­es sur le site comme à l’écran.

« Vous ne verrez pas dans notre couverture certaines choses que nous avons vues dans le passé, avec des gros plans détaillés sur certaines parties du corps », a déclaré lundi le directeur général du Service olympique de radiotélév­ision (OBS), Yiannis Exarchos.

Cela peut être difficile avec une technologi­e de pointe pour filmer des sports — tels que le volleyball de plage, la gymnastiqu­e, la natation et l’athlétisme — où les uniformes des athlètes féminines peuvent être courts et échancrés.

Des gymnastes allemandes ont d’ailleurs envoyé un message contre les uniformes qui, selon elles, exploitent leur sexualité en concourant à Tokyo en portant des vêtements qui leur couvraient les jambes jusqu’à la cheville.

Une protestati­on plus forte avait aussi été entendue plus tôt ce mois-ci, en marge des Jeux olympiques. Lors d’un événement européen de handball de plage, les Norvégienn­es avaient refusé de jouer en portant un bas de bikini et avaient plutôt voulu porter des shorts moulants. Elles ont reçu une amende pour avoir enfreint les règles vestimenta­ires. La chanteuse américaine Pink a proposé de la payer, déclarant qu’elle était « très fière » de l’équipe pour avoir protesté contre la règle qui les empêchait de porter des shorts, un vêtement accepté chez leurs homologues masculins.

Le Comité internatio­nal olympique ne régit pas ce genre de règles pour les sports individuel­s, mais il gère l’OBS et contrôle la diffusion des images de Tokyo montrées au monde.

« Ce que nous pouvons faire, c’est nous assurer que notre couverture ne met pas en évidence ou ne présente pas de manière particuliè­re ce que les gens portent », a déclaré M. Exarchos.

Pour y parvenir, le CIO a mis à jour les « Directives de représenta­tion » pour orienter tous les sports olympiques et leurs titulaires de droits vers des diffusions équitables et justes de leurs événements. On conseille ainsi de ne pas se concentrer inutilemen­t sur l’apparence, les vêtements ou les parties intimes du corps et de recadrer ou supprimer des images dans le cas d’une défaillanc­e d’uniforme, afin de respecter l’intégrité de l’athlète.

Des athlètes à part entière

Les objectifs olympiques vont toutefois plus loin que la fin des images sexualisée­s, a noté M. Exarchos. Un plus grand nombre d’épreuves féminines et mixtes sont au programme olympique et sont davantage mises en évidence. Les finales féminines ont lieu après les finales masculines en volleyball et en handball.

« Nous, dans les médias, n’avons pas encore fait tout ce que nous pouvons faire », a déclaré M. Exarchos, tout en soulignant les progrès des 15 dernières années. « Nous devons être francs et ouverts entre nous à ce sujet. »

C’est un enjeu pour les Jeux de Tokyo. La conseillèr­e sur l’égalité des sexes a critiqué les médias japonais alors qu’elle partageait la scène lundi avec le responsabl­e de la diffusion olympique.

« C’est vraiment biaisé en ce qui concerne le genre », a déclaré Naoko Imoto, qui a nagé pour le Japon aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 et travaille maintenant pour l’UNICEF, l’agence des Nations unies pour les droits de l’enfant. « Plusieurs chaînes considèren­t les athlètes féminines [comme des] filles ou épouses ou mères et pas vraiment comme de pures athlètes », a-t-elle déclaré. « La plupart des chaînes accordent également une attention particuliè­re à l’apparence en disant […] qu’elles sont belles ou sexy. »

Les Jeux olympiques de Tokyo ont été positionné­s comme une chance de lancer le changement dans la société japonaise et d’embrasser la diversité. Mme Imoto a déclaré qu’elle espérait que les médias et les responsabl­es sportifs japonais parleraien­t après les Jeux « des normes de représenta­tion ». « Elles sont puissantes et elles sont aussi belles, mais elles ne sont pas que des femmes », a déclaré Mme Imoto. « Elles sont des athlètes. »

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 ?? LIONEL BONAVENTUR­E AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Des gymnastes allemandes, dont fait partie Pauline Schäfer-Betz ici en photo, ont envoyé un message contre les uniformes qui, selon elles, exploitent leur sexualité en concourant à Tokyo en portant des vêtements qui leur couvraient les jambes jusqu’à la cheville.
LIONEL BONAVENTUR­E AGENCE FRANCE-PRESSE Des gymnastes allemandes, dont fait partie Pauline Schäfer-Betz ici en photo, ont envoyé un message contre les uniformes qui, selon elles, exploitent leur sexualité en concourant à Tokyo en portant des vêtements qui leur couvraient les jambes jusqu’à la cheville.

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