Mobilisation vaccinale dans la communauté hassidique
Les opérations de vaccination contre la COVID-19 se multiplient dans la communauté juive ultraorthodoxe de Montréal. Une cinquantaine de jeunes hassidiques ont reçu une première dose de vaccin mardi dans un camp de vacances de Sainte-Agathedes-Monts, où ils séjournent durant l’été. Pour une quatrième fois en un mois, une clinique éphémère s’est installée mercredi dans une synagogue montréalaise, qui a ouvert ses portes au Devoir pour l’occasion.
Manteau traditionnel, chapeau noir et papillotes, des dizaines de juifs hassidiques défilent en ce mercredi après-midi dans la synagogue Ateres Faiga, située dans le quartier Mile-End à Montréal. Ils ne s’y rassemblent pas pour prier, mais pour y être vaccinés. Ils recevront leur injection derrière des paravents, à l’abri des regards.
Maurice Hart, 40 ans, tend le bras pour une deuxième fois. Il le fait pour « protéger la société ». « Avec les informations médicales limitées que nous avons à ce moment-ci, nous croyons que ça va aider les autres, dit le juif hassidique. Je pense que, dans mon groupe d’âge, ça ne fait pas une grosse différence. »
Maurice Hart se dit « un peu préoccupé par les effets secondaires », comme la myocardite, un problème qui survient très rarement chez les jeunes hommes. « Malgré tout, je crois que c’est la bonne chose à faire », estime-t-il.
L’air souriant derrière son masque, Rivky Bineth, 24 ans, reçoit aussi sa deuxième dose. Avec le virus qui rôde, se faire vacciner « maintenant » est « important », estime la jeune femme toute de noir vêtue. « Je vais voyager en Israël bientôt », ajoute-t-elle.
Quelque 200 juifs hassidiques ont pris rendez-vous pour obtenir
une première ou une deuxième dose dans cette clinique éphémère. L’opération s’effectue rondement.
Sam Muller, porte-parole du Conseil des juifs hassidiques du Québec, est sur place pour venir en aide à ceux qui ne parlent que le yiddish — une minorité, dit-il. Deux bénévoles du Hatzoloh Montréal, un service médical d’urgence destiné à la communauté juive, sont aussi présents.
Le Conseil tente d’encourager ses membres à s’immuniser contre la COVID-19, surtout à l’approche du Roch Hachana, le Nouvel An juif, le 7 septembre. « Les personnes qui reçoivent leur première dose aujourd’hui pourront avoir leur deuxième le 1er septembre [dans une autre clinique éphémère] », souligne Sam Muller.
« Plus faible » que la moyenne
Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Îlede-Montréal affirme tout faire pour rejoindre les citoyens non vaccinés — comme les juifs hassidiques — là où ils sont.
La couverture vaccinale dans Outremont, où réside la communauté juive ultraorthodoxe, est « plus faible » que la moyenne montréalaise, signale le CIUSSS. Il y a une dizaine de jours, Le Devoir révélait que des écoles juives ultraorthodoxes avaient des taux de vaccination inférieurs à 20 % en date du 19 juillet, selon des données gouvernementales.
Sam Muller croit que sa communauté n’est pas différente des autres. Beaucoup attendaient avec impatience la campagne de vaccination, d’autres étaient réticents ou voulaient davantage d’informations, explique-t-il. Certains se croyaient immunisés, car ils avaient eu la COVID-19, ajoute-t-il. Le Conseil des juifs hassidiques du Québec a donc publié un dépliant abordant les mythes concernant les vaccins. « La plus grande préoccupation de la communauté concernait les enjeux de fertilité », précise Sam Muller.
Francine Dupuis, p.-d.g. adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-deMontréal,
On est en contact avec les rabbins sur une »
base hebdomadaire FRANCINE DUPUIS
salue le travail des leaders religieux, « qui sont vraiment très aidants en ce moment ». « On est en contact avec les rabbins sur une base hebdomadaire, dit-elle. Ils nous aident beaucoup à pousser [pour la vaccination]. Je pense qu’il y a un mouvement vers la vaccination qui va de l’avant. »
Des cliniques éphémères sont d’ailleurs organisées au camp juif B’nai Brith, à Sainte-Agathe-des-Monts, pour améliorer la vaccination des élèves des écoles juives ultraorthodoxes de Montréal. « On a déjà vacciné un groupe important et on a un deuxième groupe prévu vendredi », dit Francine Dupuis.
Des campagnes de vaccination sont aussi prévues lors du retour en classe en septembre. « La Santé publique nous recommande d’aller dans les écoles qui ont moins de 75 % d’enfants reconnus vaccinés, indique Mme Dupuis. Je sais bien que le ministre de la Santé aurait voulu que ce soit fini à la fin du mois d’août, mais c’est plus compliqué que ça, surtout dans le milieu scolaire. » Elle juge que le portrait de la vaccination sera plus clair à la fin du mois de septembre.