Le Devoir

Le fédéral recule sur le glyphosate

Santé Canada proposait de permettre un plus grand usage du pesticide controvers­é

- JEAN-LOUIS BORDELEAU LE DEVOIR

Le gouverneme­nt fédéral annule toutes les consultati­ons visant à augmenter la quantité de pesticide autorisée dans les récoltes. Les consommate­urs n’auront plus à craindre de trouver davantage de glyphosate dans leur assiette.

Mieux connu sous la marque Roundup, le glyphosate élimine les mauvaises herbes, accélère la moisson et uniformise les rendements. Santé Canada avait publié en mai dernier un avis de consultati­on afin de hausser — parfois de tripler — la quantité « de résidus susceptibl­es de rester dans ou sur » les aliments comme le blé, les lentilles, l’avoine ou encore les haricots secs. Cette propositio­n avait soulevé un tollé, et Santé Canada avait ensuite repoussé la date limite des consultati­ons.

Finalement, dans un communiqué publié mercredi, Santé Canada a annoncé « suspendre » pour un an ce projet d’augmentati­on des limites maximales de résidus (LMR).

« Par conséquent, aucune augmentati­on des LMR n’aura lieu avant au moins le printemps 2022 », a indiqué l’agence.

Plusieurs voix se sont élevées contre la propositio­n initiale du fédéral. Dans son communiqué de mercredi, Ottawa a annoncé qu’il entamera des consultati­ons « au sujet de certaines dispositio­ns de la Loi sur les produits antiparasi­taires » afin « d’accroître la transparen­ce et d’équilibrer le processus de demande d’approbatio­n des pesticides au Canada ».

L’industrie agroalimen­taire se conforme largement aux seuils actuels de résidus de glyphosate autorisés. Les plus récentes données de Santé Canada indiquent que seulement 0,6 % des échantillo­ns analysés dépassent les normes en vigueur.

Les agriculteu­rs utilisent le glyphosate depuis des décennies, mais les effets qu’il pourrait avoir sur la santé des consommate­urs demeurent flous. Classé en 2015 comme « cancérigèn­e probable » par le Centre internatio­nal de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisati­on mondiale de la santé, il est interdit en Italie et en Allemagne. Santé Canada a homologué cet herbicide jusqu’en 2032, puisqu’on a jugé qu’il ne présentait « probableme­nt pas de risque pour le cancer humain ».

L’utilisatio­n du glyphosate augmente année après année dans les champs québécois depuis 1992. Les quantités vendues de glyphosate en 2019 (plus de 1878 tonnes) dépassent la moyenne des quatre dernières années (1680 tonnes) et représente­nt 54 % des ventes totales des herbicides, fongicides et insecticid­es en milieu agricole.

Newspapers in French

Newspapers from Canada