Veillée pour Jean René Junior Olivier
Recourir à des écomatériaux permet de réduire son empreinte écologique
La hausse des prix des matériaux de construction a fait la manchette au cours des derniers mois. Cette augmentation du coût à l’achat a entraîné le report de plusieurs projets, de la nouvelle maison jusqu’au balcon, mais on parle encore trop peu du coût des matériaux sur le plan écologique. À dire vrai, plusieurs matériaux de construction sont bien peu chers relativement aux réels impacts qu’ils ont sur l’environnement.
Par exemple, il existe actuellement une pénurie mondiale de sable causée par la consommation accrue de béton à travers le monde. Depuis le début des années 2000, l’utilisation de béton augmente de 4 % chaque année, ce qui représentait 50 milliards de tonnes de sable consommées à travers le monde en 2016. En Chine, particulièrement, les quantités de béton consommées en quatre ans équivalent à la consommation de béton des Américains pendant un siècle. La recherche de sable menace des milieux naturels autrefois libres de toute activité anthropique. Cette consommation exponentielle est responsable du recul de 75 % à 90 % des plages mondiales et de la disparition complète de certaines îles, dont 25 se trouvent en Indonésie.
En ce qui concerne les matières d’origine fossile contenues dans les revêtements en bardeaux d’asphalte, elles contribuent à l’émission de gaz à effet de serre, qui a pour effet d’accentuer les dérèglements climatiques. Par ailleurs, les quelque 230 000 tonnes annuelles de gypse gaspillé, jeté, contaminé ou démoli sur les chantiers sont envoyées dans des lieux d’enfouissement techniques qui contaminent les biogaz collectés à cause de leur haute teneur en soufre. La liste des impacts est longue et méconnue par plusieurs citoyens, mais aussi par plusieurs acteurs du secteur de la construction qui hésitent encore à changer leur façon de faire.
Des solutions possibles
Il est possible de réduire l’empreinte écologique de la construction, notamment en recourant à des matériaux qui respectent l’environnement, tant dans leur conception et leur fabrication que dans leur utilisation. Il existe actuellement sur le marché une hausse de ces produits responsables, également appelés « écomatériaux ». Les écomatériaux s’inscrivent dans une dynamique de développement durable afin que les ressources soient utilisées de façon renouvelable, que les quantités de matières résiduelles soient diminuées, voire nulles, et que la production de ces matériaux soit durable. Les écomatériaux ont les mêmes caractéristiques que les matériaux de construction traditionnels et ils ont même souvent des qualités supérieures en matière d’isolation, de confort, d’effets sur la santé des occupants, de conductivité thermique (capacité à diffuser la chaleur) et d’énergie grise (impact environnemental).
Certaines grandes chaînes de quincailleries ainsi que certains détaillants spécialisés affichent des logos ou des étiquettes sur les matériaux de construction écologiques afin de les distinguer des autres produits communs. Béton de chanvre, bois certifié, ouate de cellulose ou tuiles recyclées ne sont que quelques exemples des produits disponibles sur le marché.
Pour soutenir la filière de la construction écologique, il faut certainement l’aide des gouvernements, mais l’appui des consommateurs n’est pas à négliger. En achetant des écomatériaux, nous affirmons un peu plus notre désir de produire et de distribuer ces produits écoresponsables faits au Québec. En plus, développer ce marché en sol québécois permettrait d’élever notre résilience face aux imprévus et aux fluctuations commerciales. Il faut donc travailler pour éliminer le plus de barrières possible à ces nouveaux matériaux pour concurrencer le marché des matériaux de construction traditionnels avec des produits conçus et fabriqués localement, tout en réduisant l’impact écologique ou le coût réel de ce secteur important pour l’économie du Québec.
* Également autrice d’un essai sur « l’analyse des freins et des leviers à l’utilisation des matériaux de construction écologiques dans les territoires municipaux du Québec »