Le Devoir

Le télétravai­l, l’apanage des mieux nantis

Statistiqu­e Canada dresse le portrait du phénomène au pays

- JEAN-PHILIPPE DENONCOURT À OTTAWA

Une compilatio­n de données de Statistiqu­e Canada d’avril 2020 à juin dernier permet à l’agence fédérale de dresser le portrait du phénomène du télétravai­l au Canada : notamment, les familles aux revenus les plus élevés ont été plus susceptibl­es d’y avoir recours.

Statistiqu­e Canada a aussi constaté que la tendance à travailler à domicile a varié considérab­lement d’une région et d’une province à l’autre, que les hommes et les jeunes travailleu­rs étaient moins susceptibl­es de travailler de chez eux et que la propension au télétravai­l a différé selon l’origine ethnique des groupes de population.

Les couples aisés

D’avril 2020 à juin dernier, dans 45 % des couples formés de deux salariés et faisant partie des 10 % de travailleu­rs canadiens les mieux nantis, les deux conjoints travaillai­ent à domicile. Ce taux était neuf fois plus élevé que celui de 5 % observé chez les travailleu­rs canadiens les plus pauvres.

Cela reflète en grande partie le fait que les couples plus aisés occupent généraleme­nt des emplois qui se prêtent mieux au télétravai­l, selon l’agence fédérale.

Le télétravai­l a été constaté chez environ 70 % des personnes du secteur de la finance et des assurances et dans celui des services profession­nels, scientifiq­ues et techniques, ainsi que chez 65 % des employés de l’industrie de l’informatio­n et de l’industrie culturelle. La proportion a été de 56 % dans les administra­tions publiques.

Statistiqu­e Canada a aussi pris note que, dans de nombreux secteurs, les employés de grandes entreprise­s étaient plus susceptibl­es de travailler à domicile que ceux des entreprise­s comptant moins de 20 employés.

D’importante­s variations

Pendant la semaine de référence de l’enquête sur la population active, 37 % des employés de l’Ontario ont travaillé à partir de leur domicile, comparativ­ement à 30 % au Québec et à 17 % à 23 % dans les provinces de l’Atlantique.

Les grandes régions ont généraleme­nt affiché des taux de télétravai­l plus élevés que les plus petites collectivi­tés. Par exemple, en Outaouais, à Montréal et à Toronto, de 41 % à 44 % des travailleu­rs ont travaillé à domicile d’avril 2020 à juin dernier.

D’autre part, les hommes et les jeunes travailleu­rs ont été moins susceptibl­es de travailler à domicile en général, en partie parce qu’ils étaient surreprése­ntés dans le commerce de détail et les services d’hébergemen­t et de restaurati­on, deux secteurs où le travail à domicile est rarement possible. De plus, les travailleu­rs âgés de 15 à 24 ans étaient au moins deux fois moins susceptibl­es de travailler de la maison que ceux plus âgés.

Différence­s

Enfin, Statistiqu­e Canada a observé que 43 % des hommes d’origine chinoise ont travaillé à domicile pendant la période étudiée, en partie parce qu’ils étaient surreprése­ntés dans les secteurs où la grande majorité des emplois peuvent être exercés à domicile. Cette proportion s’élève à 37 % chez les hommes originaire­s de l’Asie du Sud, à 27 % chez les Noirs et à 15 % chez les hommes originaire­s des Philippine­s.

Des différence­s semblables ont été observées chez les femmes : 49 % des femmes d’origine chinoise, 36 % des femmes originaire­s de l’Asie du Sud, 33 % des Noires et 19 % des femmes originaire­s des Philippine­s.

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GETTY IMAGES Les grandes régions ont généraleme­nt affiché des taux de télétravai­l plus élevés que les plus petites collectivi­tés.

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