Le Devoir

Alerte, enfants en protection

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Les derniers chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les dernières nouvelles, un record vient d’être atteint à Montréal concernant la protection des enfants. Ils seraient autour de 500 en attente d’évaluation pour définir la protection dont ils ont besoin. Les signalemen­ts se multiplien­t pour différente­s raisons, souvent à cause de la négligence et de la malveillan­ce, mais aussi pour des sévices physiques ou sexuels. Ces enfants pris au piège ne peuvent pas attendre et, plus le temps passe, plus le risque s’accroît. On ne peut plus attendre, il faut relancer le principe de l’Agir tôt avec les bons moyens et les bonnes personnes.

Malgré les grands principes, les belles théories et les slogans percutants, la situation se détériore et on ne sait pas encore quelles mesures seront prises pour changer la donne. Bien sûr, il y a la pandémie, le manque de ressources et l’épuisement des intervenan­ts. On n’y échappe pas, mais le bateau coule.

Il ne reste qu’à innover, mais les barrières sont grandes dans ce monde fermé et protégé par la loi qui donne à la DPJ le mandat exclusif de la protection des enfants. L’innovation ne sera possible que lorsqu’on laissera le reste du monde s’impliquer pour protéger leurs enfants, et plus particuliè­rement avec l’apport des ressources de proximité, soit là où vivent les enfants. Les ressources intersecto­rielles locales et le milieu communauta­ire, de même que les centres de pédiatrie sociale en communauté ont un rôle à jouer et ils sont prêts à le jouer pour soutenir l’applicatio­n de la loi. Encore faut-il leur faire confiance et les autoriser à agir en complément­arité pour le bienêtre et la protection des enfants.

Nous caressons ce vieux rêve d’être fiers de nos enfants, mais encore faut-il les protéger adéquateme­nt et faire en sorte que cette « machine de l’État » puisse enfin lâcher prise pour donner la place à la communauté, mieux outillée et mieux financée. Nous sommes prêts à nous mettre à la tâche et nous l’avons signifié plusieurs fois sur les plans politique et institutio­nnel, mais la machine manque sévèrement de souplesse dès qu’on propose des solutions qui marchent déjà. Ce n’est que par des actes concrets, l’innovation et l’esprit ouvert vers d’autres manières de faire que l’on pourra réussir nos enfants.

Dr Gilles Julien, pédiatre social, directeur clinique et président fondateur de la Fondation Dr Julien

Le 4 août 2021

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