Le Devoir

GNL Québec sonnait comme une vieille cassette

- Michaël Potvin Bleuet engagé

Cette fois-ci, nous n’étions pas (ou presque) devant le syndrome du « pas dans ma cour ». Alors que la population locale semblait favorable au projet, la pression pour l’abandonner est venue principale­ment de l’extérieur, comme si nous voulions faire la morale aux gens du Saguenay. Je m’inclus, car bien que je sois un fier bleuet, je réside dans la capitale nationale depuis bientôt 15 ans.

Comme une vieille cassette

Titulaire d’un DEC du cégep de

Jonquière, j’ai, au préalable, obtenu un DEP en fonderie. Ce dernier vous intéresser­a. À l’époque, on nous avait promis des salaires faramineux et de belles conditions dans l’industrie de l’aluminium avec des usines de « pare-chocs » et autres « bébelles de char ». Finalement, rien de tout ça n’est arrivé, ce ne fut que des promesses brisées.

L’histoire se répète avec GNL : une grosse entreprise, vue comme l’apothéose, vient promettre à des gens d’une région une job d’avenir assurant prospérité à ladite région pour des génération­s à venir. Auparavant, c’est l’industrie forestière qui avait joué ce

Je n’ai pas de solution à proposer, mais si nous commencion­s simplement par parler d’entreprene­uriat plutôt que de jobs à 100 000 $ ? Ce sont les citoyens, et non une grosse entreprise, qui sont les plus à même d’assurer le développem­ent économique et la prospérité de leur région.

tour aux gens du Saguenay.

Pour revenir à l’industrie de l’aluminium, bien que celle-ci soit présente et bien enracinée, elle fait toujours planer l’arrivée d’un nouveau projet à condition de… et nous demeurons suspendus à ses lèvres. En ce qui concerne GNL, rappelons que le promoteur avait gonflé les chiffres de la création d’emplois, sans compter que le projet s’est avéré une mascarade sur le plan environnem­ental.

Malheureus­ement, parce qu’on a l’étiquette et la mentalité d’une région ressource, nous nous faisons trop souvent prendre au jeu. Je ne veux pas sembler condescend­ant ou moralisate­ur. C’est le constat d’une personne qui s’inclut parmi les gens de cette région et qui croit autant qu’eux à l’avenir de celle-ci. Mais GNL ne représente pas l’avenir pour vous et moi, encore moins pour nos enfants.

Je n’ai pas de solution à proposer, mais si nous commencion­s simplement par parler d’entreprene­uriat plutôt que de jobs à 100 000 $ ? Ce sont les citoyens, et non une grosse entreprise, qui sont les plus à même d’assurer le développem­ent économique et la prospérité de leur région. Pour y arriver, nous devons regrouper citoyens, travailleu­rs, employeurs et entreprene­urs, étudiants et universita­ires dans un forum régional ouvert à tous, pas seulement aux politicien­s, aux fonctionna­ires et aux entreprise­s. Maintenant que GNL est derrière nous, la cassette ne doit pas être seulement rembobinée.

Le courage de ses conviction­s

Nous souhaitons toujours mieux de nos politicien­s, étant cyniques à leur égard. Force est d’admettre toutefois que Sylvain Gaudreault a eu le courage de ses conviction­s. Contre vents et marées, quitte à perdre son siège à l’Assemblée nationale, le député de Jonquière affirme depuis des années que GNL n’est pas un projet porteur pour sa région. Québec solidaire a fait un « show de boucane », le Parti libéral du Québec n’a rejeté le projet que dernièreme­nt, alors que la CAQ le soutenait toujours après le constat du BAPE. Facile, lorsqu’on n’est pas dans la région, vous direz ? Reconnaiss­ez donc le courage d’un gars de-la place en Sylvain Gaudreault.

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