Le Devoir

Biden veut que les États-Unis prennent le volant

Le président américain a signé un décret jeudi fixant 2030 comme objectif pour que la moitié des voitures vendues au pays soient sans émissions

- ENVIRONNEM­ENT AURÉLIA END À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Il veut prendre le volant : Joe Biden a dévoilé jeudi de grandes ambitions pour verdir l’industrie automobile américaine, à la traîne par rapport à des concurrent­s chinois et européens dynamiques.

L’initiative est saluée comme un « signal important » par les organisati­ons environnem­entales, même si certaines s’inquiètent de savoir comment elle sera mise en oeuvre.

Le président démocrate, qui aime à se présenter comme « un gars qui aime les voitures », avait fait aligner à l’arrière de la Maison-Blanche quelques modèles de voitures électrique­s. Et il a pris le volant de l’une d’elles, une jeep hybride rechargeab­le, pour faire un petit circuit. Joe Biden venait peu avant de signer, sous le soleil, un décret fixant comme objectif qu’en 2030 la moitié des voitures vendues aux États-Unis seront sans émissions, c’est-à-dire électrique­s, hybrides rechargeab­les ou à hydrogène.

Les États-Unis en retard

La marche est haute. Selon l’Agence internatio­nale de l’énergie, en 2020, les véhicules électrique­s ne représenta­ient aux États-Unis que 2 % des ventes de voitures neuves — contre 10 % en Europe.

« La question est de savoir si nous allons prendre la tête de la course ou être relégués à l’arrière », a dit Joe Biden dans un discours, au moment où « la Chine fait la course en tête ».

Devant lui, les grands noms de l’automobile américaine. La patronne de GM, le patron de Ford et le chef de Stellantis — le propriétai­re de la marque historique Chrysler — en Amérique du Nord ont affirmé dans un communiqué leur « ambition commune d’arriver en 2030 à 40 à 50 % » de véhicules de ce type vendus chaque année aux États-Unis.

Aucune trace toutefois d’Elon Musk, patron du constructe­ur américain Tesla, peut-être la marque de voitures électrique­s la plus connue au monde. Le fantasque homme d’affaires s’en est trouvé froissé : « Ouais, ça semble bizarre que Tesla n’ait pas été invité », a-t-il écrit avec ironie sur Twitter.

Les constructe­urs représenté­s jeudi « sont les trois principaux acteurs de l’UAW », le puissant syndicat automobile américain, a simplement expliqué Jen Psaki, la porte-parole de la Maison-Blanche. Là où Elon Musk est, lui, très opposé à toute syndicalis­ation. De fait, le président démocrate avait aussi placé des représenta­nts de l’UAW aux premières loges jeudi. « Nous ne laisserons personne au bord de la route » dans ce virage vers la voiture électrique, a-t-il promis, ajoutant : « Quand on me parle de climat, j’entends emplois, emplois. »

Les constructe­urs traditionn­els comme les automobili­stes américains ont tardé à se convertir, comparativ­ement aux Chinois ou aux Européens. Même en retard, GM, Ford et Stellantis ont toutefois déjà mis l’accent ces derniers mois sur l’électrique, promettant des versions vertes de modèles populaires, comme la camionnett­e F150.

La prochaine étape

La prochaine étape est désormais de construire un réseau solide de bornes de recharge, dont le financemen­t dépend en grande partie du plan d’infrastruc­tures en discussion au Congrès, estime Jessica Caldwell, du cabinet Edmunds. Et « le plus grand obstacle » est sans doute de convaincre les Américains de passer à l’électrique, ajoute-t-elle.

Pour l’organisati­on Sierra Club, l’initiative du président reste « un signal important ». Mais il faudrait fixer un objectif à 60 % de véhicules électrique­s vendus en 2030.

Joe Biden promet aussi de muscler à nouveau la réglementa­tion sur la consommati­on de carburant, largement allégée sous Donald Trump.

Pour l’ONG environnem­entale NRDC, qui salue l’initiative, il est crucial de voir les promesses se transforme­r rapidement en normes concrètes et contraigna­ntes. Même méfiance du groupe d’experts Union of Concerned Scientists, qui craint que l’annonce ne soit « discrèteme­nt minée par des échappatoi­res, des crédits et des allocation­s ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada