Le Devoir

Le vaccin pour pouvoir étudier ?

Des professeur­s demandent que le milieu suive l’exemple de l’Université d’Ottawa, qui obligera la vaccinatio­n pour y accéder

- MARCO FORTIER

L’Université d’Ottawa est devenue le premier grand établissem­ent d’enseigneme­nt supérieur du Canada à exiger que toute personne présente sur son campus dès le mois de septembre soit vaccinée contre la COVID-19. Et l’Associatio­n canadienne des professeur­es et professeur­s d’université (ACPPU) demande que le reste du milieu universita­ire emboîte le pas, dans l’espoir de freiner la quatrième vague qui s’annonce.

La vaccinatio­n sera obligatoir­e dès cet automne pour quiconque souhaite se rendre sur le campus de l’Université d’Ottawa, y compris les étudiants et les membres du personnel. Au moins une dose sera requise pour entrer sur le campus à compter du 7 septembre, et deux doses à partir du 15 octobre.

Au Québec, le gouverneme­nt Legault exclut à ce jour d’étendre le passeport vaccinal aux établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur.

De son côté, l’Université d’Ottawa assure que cette mesure hors de l’ordinaire est justifiée en raison des risques associés aux variants, qui font grimper le nombre d’infections, ainsi qu’au faible taux de vaccinatio­n des 18-29 ans. « Alors que les risques de la pandémie ne sont toujours pas écartés, les façons d’assurer notre sécurité sont on ne peut plus évidentes », a indiqué Jacques Frémont, recteur et vice-chancelier de l’établissem­ent, dans un communiqué. L’Université d’Ottawa avait déjà décidé au cours des dernières semaines d’imposer la vaccinatio­n pour accéder aux résidences étudiantes ; elle vaudra désormais pour l’ensemble du campus.

Ailleurs au pays, y compris au Québec, la vaccinatio­n est fortement recommandé­e, mais rarement obligatoir­e. Seuls deux autres établissem­ents — le collège Seneca de Toronto et l’Université américaine du Niagara,

qui a un campus en Ontario — exigent la vaccinatio­n pour accéder à leur campus.

La ministre québécoise de l’Enseigneme­nt supérieur, Danielle McCann, a indiqué la semaine dernière que le retour dans les cégeps et les université­s est prévu en présence et sans distanciat­ion dans la vaste majorité des établissem­ents, qui ont dépassé le seuil minimal de 75 % d’étudiants vaccinés.

Appuis et accommodem­ents

L’Associatio­n canadienne des professeur­es et professeur­s d’université (ACPPU) fait valoir que la vaccinatio­n obligatoir­e est justifiée en raison de la pandémie. « Cela peut se faire si la politique est équitable, raisonnabl­e, et qu’elle respecte les droits de la personne et les convention­s collective­s des employés », indique par courriel David Robinson, directeur exécutif de l’ACPPU.

Il se réjouit que l’Université d’Ottawa ait prévu des accommodem­ents pour les gens non vaccinés, comme le port du masque et la distanciat­ion. L’établissem­ent a précisé que les personnes non vaccinées peuvent aussi s’attendre à se voir imposer de fréquents tests de dépistage.

Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa se dit également d’accord avec la mesure annoncée mardi. Le président de l’associatio­n étudiante, Tim Gulliver, croit comprendre que le télétravai­l et l’enseigneme­nt à distance seront offerts aux gens non vaccinés, ce que l’établissem­ent n’a toutefois pas pu confirmer au Devoir.

Stéphane Beaulac, professeur à la Faculté de droit à l’Université de Montréal, estime probable que la vaccinatio­n obligatoir­e soit contestée devant les tribunaux. « Plus il y aura d’accommodem­ents pour les personnes non vaccinées, comme, par exemple, l’enseigneme­nt à distance, plus on augmente les chances que la vaccinatio­n obligatoir­e soit approuvée par les tribunaux », remarque-t-il toutefois.

L’Université d’Ottawa devra démontrer que la mesure constitue un fardeau proportion­nel au risque couru en temps de pandémie. Le professeur rappelle que cette question relève du droit ontarien et non de la Charte canadienne des droits et libertés, mais que la communauté universita­ire jouit néanmoins d’une protection quasi constituti­onnelle.

Les façons d’assurer notre sécurité sont on ne » peut plus évidentes

JACQUES FRÉMONT

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