Le Devoir

Tout va très bien

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L’Ouest canadien est aux prises avec des incendies hors de contrôle et des canicules meurtrière­s, mais « tout va très bien, Madame la Marquise », nous dit Justin Trudeau, bien fier de l’engagement de son gouverneme­nt à atteindre la carboneutr­alité d’ici 2050.

Mais oui, tout va très bien, disent également les signataire­s du 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat) qui vient d’être déposé : il est encore possible d’éviter le point de non-retour si nous agissons maintenant, aujourd’hui, en prenant des mesures draconienn­es pour limiter les gaz à effet de serre. Il vaut sûrement la peine de le réécrire, car Justin Trudeau semble un peu distrait : il faut agir maintenant en prenant des mesures draconienn­es pour limiter les gaz à effet de serre. Pas demain, ni en 2030 ou en 2050, mais aujourd’hui.

« Tout va très bien, Madame la Marquise », semblait nous dire aujourd’hui Steven Guilbeault en réaction au dépôt du 6e rapport du GIEC. « Nous nous sommes engagés à ne plus subvention­ner l’industrie pétrolière. » Il faut quand même avoir un certain courage pour dire cela alors qu’on nous apprend que le gouverneme­nt de Trudeau a offert un soutien financier plus grand aux pétrolière­s que son prédécesse­ur, Harper.

À force de répéter que « tout va très bien » tout en reportant l’action à un futur improbable et en continuant de soutenir financière­ment l’industrie pétrolière et gazière, le gouverneme­nt est sans doute en train de se convaincre lui-même qu’il agit correcteme­nt. Et être dirigé par des gens capables de croire à leurs propres menteries est particuliè­rement terrifiant. Julie Bouchard

Le 9 août 2021

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