New York, avec amour
Spike Lee consacre un ambitieux essai documentaire à sa ville aimée, bouleversée par l’adversité
Le paramédical new-yorkais Phil Suarez se souvient exactement du moment où il a brièvement perdu pied, le 11 septembre 2001, tétanisé par la succession d’appels signalant des « tombeurs » chutant des tours jumelles attaquées. Cette « spirale infernale », il l’a vécue à nouveau avec la COVID-19, tandis que les appels de détresse s’additionnaient au printemps 2020. Une impression qui aura duré des semaines. « C’était fou. Jusqu’à 7200 interventions par jour, man », précise-t-il à la caméra de Spike Lee, qui, dans NYC Epicenters 9/11 –> 2021½, offre un portrait choral étourdissant de sa ville aimée.
À sa manière viscéralement humaine, parfois facétieuse, le réalisateur de BlacKkKlansman et de Da 5 Bloods a nourri un monstre documentaire de quatre épisodes de deux heures. Y défilent plus de 200 personnes : soignants, personnel d’urgence, scientifiques, politiciens, reporters, artistes, malades, endeuillés, alouette ! Tous racontent leur ville assiégée, le coeur en bandoulière, les yeux grands ouverts sur ces traumas sans nom auxquels s’ajoute la juste colère qui s’est emparée de New York tandis que le mouvement Black Lives Matter secouait l’Amérique, puis le monde.
Habile, Spike Lee s’amuse avec les archives, pigeant autant du côté des téléjournaux que du côté des fictions. Très dynamique, l’ensemble (du moins, c’est le cas pour les trois premiers épisodes qu’on a pu voir) forme une mosaïque disparate dont les fragments n’en sont pas moins indécrottablement soudés. Le cinéaste réussit en effet à conjuguer tous ces « nous » avec une franchise désarçonnante. Un beau travail de sismographe.
NYC Epicenters 9/11 –> 2021½ Crave, dès le dimanche 22 août, 20 h