Le Devoir

Le « mot en r »

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Je ne suis pas un fan de soccer (appelez-le football, le ballon rond, le beau jeu… c’est un autre débat). Comme beaucoup de Canadiens, j’apprends avec étonnement et admiration que notre équipe nationale participer­a à la Coupe du monde, pour la deuxième fois dans l’histoire, une première depuis 1986. Bravo !

Or, le coup d’envoi est encore loin que, déjà, on entend des critiques sur la nature de l’équipe, semblables à celles qui résonnent en Europe depuis des années, notamment à la suite de la victoire de la France en 2018. « On dirait plus une équipe africaine que canadienne… ». Ou alors « une chance qu’on a des immigrés… ». D’autres se drapent dans la vertu dénonçant la commercial­isation à outrance du sport, prétextant que l’on donne la nationalit­é canadienne à quiconque accepte de porter le maillot rouge en échange de sommes astronomiq­ues.

Curieux de nature, j’ai pris le temps de jeter un coup d’oeil à la formation de cette équipe qualifiée au tournoi le plus important du sport le plus populaire au monde. Voici quelques observatio­ns :

Sur les 25 joueurs qui forment l’équipe, 13 ne sont pas blancs. Sur ces 13 joueurs, 9 sont nés au Canada. Au total, 20 joueurs sur 25 sont nés ici. Sur les 5 nés à l’étranger, 4 sont arrivés encore au Canada alors qu’ils étaient enfants. Ce qui nous amène à un seul joueur non blanc, né à l’étranger… Et qui a passé toute sa jeunesse au Canada, où il a découvert sa passion pour le soccer avant de repartir vers l’Angleterre, sa terre natale.

Les gens qui critiquent notre équipe nationale ne sont pas des nationalis­tes. Ni des défenseurs des valeurs conservatr­ices, ni des patriotes, ni des protecteur­s de notre culture. La seule chose qui dérange ces gens, c’est une couleur de peau différente de la leur. Cette forme de critique, ça porte un nom.

Antoine Ricard

Le 1er mai 2022

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