Le Devoir

La gauche table sur une alliance en vue des législativ­es

- MARINE PENNETIER

Les discussion­s au sein de la gauche française sur un accord d’union pour les élections législativ­es de juin semblaient entrer lundi dans leur phase décisive, après une première entente entre le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, et le principal parti écologiste, comprenant des compromis sur les questions européenne­s.

Porté par ses près de 22 % des voix au premier tour de l’élection présidenti­elle le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon ambitionne d’obtenir la majorité aux législativ­es grâce à des alliances et d’imposer ainsi un partage du pouvoir au chef de l’État, le centriste Emmanuel Macron.

M. Mélenchon estime que la victoire d’Emmanuel Macron au second tour, le 24 avril, est due au rejet de son adversaire d’extrême droite, Marine Le Pen, et non à une adhésion à sa politique menée depuis cinq ans. Il a donc engagé dès la semaine dernière des discussion­s avec les écologiste­s, le Parti socialiste ou encore les communiste­s.

Une première étape a été franchie dans la nuit de dimanche à lundi avec un accord conclu entre sa formation, La France insoumise (LFI), et le parti Europe Écologie Les Verts (EELV).

« C’est historique parce qu’il n’y a jamais eu d’accord dans l’histoire entre EELV et LFI au niveau national pour des élections législativ­es », s’est réjoui Manuel Bompard, le chef des négociateu­rs de La France insoumise, sur la radio France Inter.

Désobéir aux règles européenne­s

« Nous avons posé un premier acte très fort » pour une union de gauches bien plus souvent divisées, s’est félicité sur la chaîne de télévision BFMTV Julien Bayou, secrétaire national du plus grand parti écologiste français.

Dans le cadre de cette nouvelle « Union populaire écologique et sociale », plusieurs points ont été réglés, certains après d’intenses tractation­s.

L’accord prévoit entre autres la possibilit­é de désobéir à certaines règles européenne­s — dans les seuls domaines budgétaire et économique — au cas où l’Union européenne empêcherai­t l’applicatio­n du programme.

Toute escalade vers une sortie de l’UE est en revanche proscrite, comme le demandaien­t les verts, qui ont par ailleurs obtenu environ 100 circonscri­ptions électorale­s dans le pays, dont 30 jugées gagnables. De quoi garantir au pôle écologiste d’avoir un groupe parlementa­ire, soit un minimum de 15 députés dans un hémicycle qui en compte 577.

« Nous voulons construire une bannière commune avec l’ensemble des forces de gauche pour construire une majorité », a toutefois souligné Julien Bayou, exprimant l’espoir de voir le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF) rejoindre la nouvelle alliance dès lundi.

Fronde au PS

Les négociatio­ns devaient reprendre à la mi-journée avec les socialiste­s, puis en début d’après-midi avec les communiste­s — deux formations qui, comme EELV, ont fait moins de 5 % lors du premier tour de l’élection présidenti­elle.

Au PS, ressorti exsangue de la présidenti­elle avec moins de 2 % des suffrages, derrière le PCF, une première depuis plus d’un demi-siècle, le chef du parti, Olivier Faure, doit faire face à une fronde nourrie d’accusation­s de brader l’histoire de sa formation.

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